Enseignante, Bernadette s’inquiète à propos de la reprise de l’école le 11 mai

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Léa Beaudufe-Hamelin , modifié à
Enseignante dans l’Oise, Bernadette ne donne plus cours depuis le début du mois de mars. Au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1, cette dernière raconte à Olivier Delacroix comment elle s’est adaptée pendant le confinement et se demande si un retour à l’école le 11 mai est raisonnable. 
TÉMOIGNAGE

Bernadette est professeur des écoles dans l’Oise et ne peut plus assurer sa classe depuis le vendredi 6 mars. Cette dernière raconte comment elle a adapté sa manière de travailler pendant le confinement, pour convenir aux enfants et aux parents. Bernadette se demande surtout si une reprise des cours le 11 mai est raisonnable. Selon elle, le retour à l’école peut attendre le mois de septembre. Au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1, Bernadette fait part de ses inquiétudes à Olivier Delacroix.

"J’habite dans l’Oise et je suis enseignante. Nous n’avons plus classe depuis le vendredi 6 mars. Nous sommes rentrés de vacances le lundi 2 mars et le vendredi 6 mars, on s’est quittés avec les enfants et on ne s’est plus revus depuis. Cela n’a pas été préparé comme ça l’a été dans le reste pays. Nous avons dû nous réinventer tout de suite. À notre petit niveau, nous avons dû travailler sur les ordinateurs, sachant que nous n’étions pas tous préparés de la même façon.

On vous donne plein d’informations, des liens, il faut faire ceci, cela. Je me suis dit que je n’allais jamais m’en sortir. Dans ces cas-là, ce que l’on veut, c’est être le meilleur possible. Sauf que les parents sont en télétravail et doivent s’adapter aussi, c’était trop. Donc il a fallu s’adapter aux parents, aux enfants et essayer de faire passer des notions. Être en classe et être derrière un ordinateur, c’est radicalement différent.

" J’étais très surprise de l’annonce de la reprise le 11 mai "

Ce qui est compliqué, c’est tout ce que l’on entend. On entend que les enseignants ne travaillent pas. Et nous on est en train de ramer comme on peut, en essayant d’avancer quand même. Donc on réinvente. Heureusement que les enfants sont là. Ils font le maximum de ce qu’ils peuvent. Certains ont peur de ne pas bien faire. Il faut les rassurer. Je me rends compte qu’ils sont formidables.

J’avais anticiper le fait qu’on ne recommencerait pas avant septembre. J’étais très surprise de l’annonce de la reprise le 11 mai. S’ils le disent, c’est que c’est possible. Je préférerais revoir les enfants, mais je ne sais pas si c’est raisonnable. Quand j’ai entendu l’annonce de la reprise, je me suis dit : « Super », mais en fait ce n’est pas super parce qu’avant tout, il y a la santé.

" On peut attendre le mois de septembre "

On parle des enfants en décrochage et des familles précaires, mais est-ce qu’il n’y a pas d’autres solutions ? Pourquoi ne pas faire revenir les enfants en décrochage, ainsi que les enfants de personnels soignants, pour les aider avec des enseignants volontaires ? Ça, c’est gérable. Dans mon école, il y a plus de 600 élèves. Comment faire pour les récréations ? Ce n’est pas possible de faire autrement que de les laisser jouer entre eux et se faire des accolades.

Tout ce questionnement est plus que raisonnable. Nous les enseignants, on sait ce que c’est que d’avoir des enfants qui vivent pleinement et qu’il faut d’autant plus gérer. Je pense que nous, enseignants, avons la capacité de nous adapter, nous réinventer. Je pense qu’avec un événement comme celui-là, on peut attendre le mois de septembre. Peut-être que les enfants de CP ne liront pas très bien, mais les enseignants de CE1 s’adapteront.

Il faut dédouaner les parents qui se mettent une pression folle parce qu’ils s’imaginent que leur enfant ne va pas y arriver. J’ai des enfants en difficulté dans ma classe, avec l’expérience que j’ai, je sais qu’ils s’en sortiront. Je vois aujourd’hui des enfants qui ont vingt ans et qui étaient en grande difficulté, ils s’en sont sortis. Pourquoi ne pas baisser les armes, prendre notre temps et aider les personnes qu’il faut aider."