ENQUÊTE - Que sont devenus les "migrants Merkel" ?

Reims était l'une des premières villes à s'être portée volontaire pour accueillir des migrants. (Archive)
Reims était l'une des premières villes à s'être portée volontaire pour accueillir des migrants. (Archive) © AFP
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Carole Ferry, édité par Clémence Olivier
Quinze familles de migrants se sont installées à Reims depuis 2016. Depuis, les enfants se sont parfaitement intégrés, les parents, eux, ont plus de mal à trouver un emploi.
L'ENQUÊTE DU 8H

Ils avaient été baptisés "les migrants Merkel". En 2016, 800 migrants avaient été accueillis en France, après que la photo d'un petit garçon, Aylan, retrouvé mort sur une plage, ait eu l'effet d'un électrochoc. La France avait alors pris conscience de la gravité de la crise migratoire et avait décidé d'aider l'Allemagne dans l'accueil des réfugiés. 

"La langue française est difficile". Reims était l'une des premières communes à s'être portée volontaire. Depuis deux ans, c'est dans cette ville de Champagne-Ardenne que vit Moustapha et son fils, au 14e étage d'une tour HLM. Cet ancien journaliste syrien est aujourd'hui stagiaire cameraman à France 3. Il s'est inscrit à des cours de français à l'université en plus de ceux proposés par l'Etat. Un prérequis nécessaire pour s'intégrer professionnellement : "C'est un peu dur pour nous car la langue française est difficile", confie le réfugié. "En tant que journaliste, je dois comprendre ce que les gens disent et les gens parlent très vite. Mais on n'a pas le choix et avec le temps ça marche."

Une remise à niveau "indispensable". Outre celle de Moustapha, quatorze familles se sont installées dans des appartements disséminés dans la ville pour faciliter leur intégration. Mais depuis deux ans, seulement un tiers des pères ont retrouvé un emploi. Pour certains métiers, "il y a des niveaux de compétences et de connaissances qui ne sont pas les mêmes et une remise à niveau est indispensable", explique Philippe Wattier responsable de l'Armée du salut à Reims. "Je pense à une personne qui est électricien qui était extrêmement compétente en Syrie pour avoir travailler dans une centrale hydraulique. Mais la fonction d'électricien en France est un peu différente". Alors pour favoriser l'insertion professionnelle des migrants, l'Armée du salut travaille avec des centres de formation. Elle a aussi nommé des parrains qui font visiter la région, découvrir la culture française.

Une bonne intégration des enfants. Un dispositif qui fonctionne bien, tout autant que l'intégration des enfants. Depuis leur arrivée, en 2016, aucun n'ont redoublé. Tous parlent très bien le français comme Sarah, 13 ans qui a fait un long chemin depuis la Syrie avec son père. "Avant je ne savais pas ce que je voulais être. Mais maintenant je sais que je veux devenir quelqu'un", explique la fillette qui pendant un an n'a vu ni sa mère, ni ses frères et sœurs. "Je vais continuer à apprendre même si je me trompe dans la vie." Son objectif est désormais d'écrire son histoire d'enfant migrante dans les trois langues qu'elle maîtrise : l'arabe, le français et l'allemand.