maternité, prématuré, Raul ARBOLEDA / AFP 1280 3:47
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Grégoire Duhourcau , modifié à
Aux États-Unis, un bébé a survécu alors qu'il a été mis au monde après 23 semaines de grossesse. En France, un nouveau-né n'est pas réanimé avant 24 semaines de grossesse, mais cela pourrait changer, comme l'explique la fondatrice de l'association "SOS Préma" sur Europe 1.
INTERVIEW

Le plus petit bébé du monde n'aurait eu aucune chance de survie s'il était né en France. Celle que le personnel de l'hôpital californien où elle a vu le jour a surnommé Saybie, pesait 245 grammes à la naissance au mois de décembre, après 23 semaines et trois jours de grossesse. Elle a quitté l'hôpital mi-mai après cinq mois passés en soins intensifs.

Ce bébé pesait 245 grammes à la naissance, c'est une miraculée !

En France, les prématurés nés avant 24 semaines de grossesse ne sont pas réanimés car leurs chances de survie sont minimes et le risque de séquelles, notamment neurologiques, est très élevé. "Dans certains pays, par exemple les pays du nord, l'Allemagne, les États-Unis, le Japon, on réanime à 22 semaines et la question se pose en France", explique Charlotte Bouvard, fondatrice de l'association "SOS Préma", sur Europe 1 jeudi. Mais le sujet nécessite "un long débat".

"Il y a des êtres humains derrière le bébé, les parents, la fratrie"

Aujourd'hui, les prématurés "survivent parce qu'il y a toute la prouesse technique tout autour", précise Charlotte Bouvard, en ajoutant que "cela ne suffit pas" : "Il y a des êtres humains derrière le bébé, les parents, la fratrie. Ce qui est important, c'est d'intégrer la famille, l'entourage, dans les soins. Il n'y a pas que la technique qui marche."

Si la décision est prise de réanimer avant 24 semaines en France, "il va falloir qu'il y ait un vrai débat éthique et une vraie mise en place d'une stratégie de santé un peu différente". Charlotte Bouvard assure travailler "beaucoup avec le gouvernement" sur la question et se réjouit de voir "qu'enfin, le sujet est posé" alors que son association existe depuis 15 ans : "Ça fait 15 ans qu'on agite les drapeaux en disant : 'Attention, les progrès de la science nous engagent. On ne réanime pas pour lâcher les enfants dans la nature. Le suivi d'un enfant prématuré c'est jusqu'aux 7 ans de l'enfant, c'est-à-dire au moment de l'apprentissage de la lecture et de l'écriture.'"

Accompagner ces enfants prématurés "du mieux possible"

Elle rappelle donc qu'il est primordial d'accompagner ces enfants prématurés "du mieux possible". D'autant que les enfants prématurés représentent une frange très importante de la population puisque 60.000 naissent chaque année. "Avec les grossesses multiples, c'est à peu près 50.000 foyers, 100.000 pères et mères. On a créé cette nouvelle population d'enfants et de familles fragilisés. C'est une nouvelle population à risque. Il est important de mettre des dispositifs particuliers en adéquation avec cette population à risque", prévient Charlotte Bouvard.