La Tour Eiffel recèle quelques secrets bien enfouis... 2:53
  • Copié
(texte et images) , modifié à
À l’occasion de notre matinale spéciale diffusée depuis la tour Eiffel, Europe 1 vous fait découvrir quelques secrets de la Dame de fer méconnus du grand public. Plongée dans les entrailles des ascenseurs, dans les coulisses des zones réservées au personnel et dans un mystérieux bunker…
REPORTAGE

Vous connaissez peut-être la vue incroyable de son troisième étage, avez probablement déjà déambulé sur son parvis, été surpris par la vitesse de ses ascenseurs (deux mètres par seconde !). Peut-être même avez-vous emprunté les 1.665 marches qui nous séparent de son sommet (rien que pour le pilier Est). Mais connaissez-vous vraiment tous les secrets de la tour Eiffel ? À l’occasion de notre matinale spéciale mercredi 16 septembre depuis le 1er étage de la Dame de fer, nous avons plongé dans ses entrailles, inconnues du grand public. Suivez le guide pour une visite sous terre, au pied des ascenseurs et dans un mystérieux bunker...

>> Six mois après le début de la crise du Covid-19, Europe 1 prend de la hauteur et s'intéresse aux quatre prochains mois qui s'annoncent décisifs pour la France : relance économique et écologique, tourisme mais aussi lutte contre l'épidémie. Matthieu Belliard, accompagné de ses chroniqueurs et des éditorialistes de la station, propose ce mercredi une matinale spéciale depuis la tour Eiffel, haut-lieu du tourisme français et mondial et symbole de l'attractivité du pays, pour mieux décrypter et comprendre ce qui se dessine.

Quand bat le cœur des ascenseurs de la tour Eiffel

On commence la visite sous l’ascenseur du pilier Est, dans un décor digne de Jules Verne ou Charlie et la chocolaterie. Sous les pieds des touristes, se dévoilent un monde d’acier, de mécanique, de câbles, tuyaux et cylindres. Mais aussi un festival de couleurs :

Tour Eiffel

 

Roue retaillée

Il s’agit là du cœur de l’ascenseur et de ses veines. L’ascenseur du pilier Est est le dernier des cinq que compte la tour Eiffel à fonctionner encore avec un mécanisme ancien, proche de celui de 1899. La force motrice de l’ascenseur est l’eau. Au moyen d’une soupape - "le robinet" dixit les techniciens - l’eau est envoyée à très forte pression dans les tuyaux.

Tour Eiffel

Un chariot "porte-piston", relié par des câbles à l’ascenseur, se met alors en mouvement grâce à cette pression. Et lorsqu’il se déplace, l’ascenseur monte (ou redescend), d’immenses cylindres de 190 tonnes venant faire contre-poids (voir la photo plus haut pour les cylindres).

Le chariot :

Chariot retaillé

Le tableau de bord, qui sert à mesurer la pression de l’eau :

Tableau de bord retaillée

Au-delà du mécanisme, le lieu est le témoin d’une longue histoire. Dans ces entrailles de fer, on peut s’imaginer les ouvriers du début du 20e siècle allant chercher leurs boulons dans l’un des vieux casiers verts bordant le mur près de l’escalier de service, ou portant vaillamment les immenses (et pesantes, on a testé !) clefs encore accrochées aux côtés des vieilles "pompes à graisse".

Casiersok retaillé
Vieilles clés ok retaillée

Jusque dans les années 80, un "conducteur d’ascenseur", situé sous la cabine en extérieur, devait doser la pression de l’eau au moyen d’un volant. Depuis, le mécanisme a été modernisé et est désormais géré par un automate, sous le regard avisé des techniciens :

Salle des contrôles retaillée (1)

La tour Eiffel compte quatre autres ascenseurs. Aux piliers Nord (en travaux) et Sud, tout fonctionne à l’électricité. Et jusqu’en 2008, l’ascenseur du pilier Ouest fonctionnait lui aussi "à l’ancienne". Mais des moteurs thermiques sont venus remplacer "le robinet" et ses tuyaux.

Ouest retaillée

Un petit monde à part pour les 800 employés de la tour Eiffel

L’entrée du personnel se trouve sous le pilier Sud. Entretien, accueil, ménage, commerce, restauration… Au total, la Dame de fer emploie 800 personnes, dont 350 (de 30 nationalités !) directement employés par la Société exploitation de la tour Eiffel, la SETE. Une fois l’entrée et ses deux portiques de sécurité passés, ils ont accès à l’ascenseur "monte-charge", qui, outre leur permettre de travailler à tous les étages, leur donne accès à une vue unique sur les Champs-de-mars.

Ascenceur de service retaillé
Vue ascenceur de service retaillée

Un bunker mystérieux sous le Champs de mars

Et on termine la visite avec un lieu quasi inconnu, discret, dissimulé même. Presque à l’entrée du Champs-de-mars, une fois le parvis de la tour Eiffel derrière nous, se trouve un étrange "bunker" – comme le nomment ceux qui connaissent son existence - enfoui dans le sol, le cantonnement de son vrai nom, relié au pilier sud de la Tour par un tunnel circulant sous les allées du Champ de mars.

Entree bunker retaillé
Entree 2 retaillée

Aujourd’hui, il n’y a plus grand-chose à y voir, si ce n’est quelques inscriptions sur les grandes dates du lieu. Mais le "bunker" est chargé en histoire. Depuis l’aube du 20e siècle et jusqu’à l’an 2000, il a joué le rôle de station de Télégraphie sans fil (TSF) de la tour Eiffel. Au début des années 1900, la Dame de fer va en effet devenir pionnière de la transmission radio.

De ce "bunker", raccordé par câble à la Tour, partait un puissant signal jusqu’au sommet, créant un émetteur dont la portée et la qualité de transmission n’ont cessé d’augmenter au fil des ans. Dans les locaux d’aujourd’hui, il faut s’imaginer d’immenses armoires et baies de transmission, de grandes centrales produisant de l'eau glacée, qui servaient à leur refroidissement, et un groupe électrogène permettant d’assurer le fonctionnement de l’ensemble en cas de coupures électriques.

Couloir retaillé

Pendant plusieurs années, c’est l’armée qui se sert le plus des lieux, pour établir des communications longues distances : c’est d’ici que les informations étaient transmises aux taxis de la Marne, en 1914, entre-autres. Pourquoi était-ce enfoui ? "On peut conjecturer deux raisons. D’une part, il fallait de la place pour les installations, qui auraient gêné les accès à la Tour. Et puis lorsqu’il y a des questions militaires, de stratégie, souvent, on essaie de ne pas se faire voir", explique à Europe 1 Stéphane Roussin, directeur de projet à la tour Eiffel.

Le tunnel qui servait à faire passer les câbles :

Tunnel retaillé

Au fil des ans, la station de transmission va évoluer vers un usage civil, accompagnant les développements de la radio, puis de la télé. Le 2 juin 1953, grâce à l’émetteur de la Tour et son "bunker", la télévision française montrait, en direct et à toute la France, les fêtes du couronnement de la reine d’Angleterre. Une prouesse.

En 1985 la station, nécessitant moins de place et une nouvelle technologie, est installée au niveau du pilier sud, le "bunker" ne servant plus que de station de secours en cas de problèmes. Et depuis l’an 2000, on n’y trouve plus "que" des bureaux, des espaces de stockage pour les employés ou de déconditionnement et de préparation pour les restaurants aux chefs étoilés. S’il s’est mis en retrait de l’Histoire avec un grand "H", le "bunker" reste ainsi indispensable au bon fonctionnement de la Dame de fer. Et, donc, à sa renommée.

ÉVÉNEMENT - Europe Matin depuis la tour Eiffel ce mercredi :