L'ESSENTIEL - "Gilets jaunes" : 51.400 manifestants en France, dont 4.000 à Paris, selon le ministère de l'Intérieur

Des heurts ont éclaté à Paris.
Des heurts ont éclaté à Paris. © Zakaria ABDELKAFI / AFP
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Les "gilets jaunes" sont de nouveau mobilisés pour ce week-end, malgré une affluence de participants qui faiblit de semaine en semaine.

Pour leur "acte 13", les "gilets jaunes" avaient de nouveau prévu plusieurs rassemblements dans le pays. Une mobilisation dont l'ampleur était incertaine, alors que le mouvement avait rassemblé 58.600 personnes la semaine dernière selon le ministère de l'Intérieur.

Les principales informations à retenir :

• Des heurts ont éclaté devant l'Assemblée nationale. Un manifestant a eu une main arrachée lors de ces incidents

• 51.400 manifestants ont été recensés en France, selon le ministère de l'Intérieur, dont 4.000 à Paris

• 39 personnes ont été interpellées à Paris, selon la préfecture de police

A Paris, des tensions devant l'Assemblée nationale, puis près de la Tour Eiffel 

La manifestation parisienne a été déclarée en préfecture : rendez-vous était donné à 10h30 place de l'Étoile. Peu avant, de nombreux "gilets jaunes" étaient présents en haut de l'avenue des Champs-Élysées avec une banderole : "R.I.C pour une banque nationale et se libérer de la dette." Un camion de CRS a par ailleurs été bloqué par les manifestants. Les forces de l'ordre ont riposté en faisant usage de gaz lacrymogène.

Après avoir emprunté les Champs-Élysées, puis le Quai d'Orsay, le cortège s'est rendu à l'Assemblée nationale, où des incidents ont éclaté à la mi-journée, alors que des "gilets jaunes" tentaient de faire céder un mur de carton qui en bloquait l'accès. Un manifestant, photographe "gilet jaune", a eu une main arrachée lors de ces heurts. L'homme a été évacué par les pompiers de l'Assemblée, un bandage au bout de l'avant-bras, a constaté le journaliste de l'AFP. Des street-medics ont évoqué une main arrachée, clairement visible sur des images diffusées en direct par la chaîne de télévision RT. De son côté, la préfecture de police de Paris a indiqué que la victime a eu "quatre doigts arrachés" et a été évacuée par les pompiers et transportée à l'hôpital.

Des tirs de grenades lacrymogènes ont répondu à des jets de projectiles au-dessus de ces palissades, et les manifestants ont été immobilisés sur le pont de la Concorde, avant que le cortège puisse repartir sur le boulevard Saint-Germain. Des incidents sporadiques se sont aussi produits sur le parcours, notamment rue de Rennes, boulevard Saint-Michel et autour du jardin du Luxembourg. Des banques et magasins ont également été vandalisés le long du cortège, qui s'est rendu comme prévu au Champs-de-Mars, le dernier point du parcours, vers 16h30.  

Au pied de la Tour Eiffel, pendant qu'une partie des "gilets jaunes" repartaient en direction des Champs-Elysées, de nouveaux incidents ont éclaté, et un véhicule de la mission Vigipirate a notamment été incendié. 

Sur Twitter, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a fait part de son "indignation" et de son "dégoût". "Ces attaques sont intolérables. Tout sera mis en oeuvre pour que leurs auteurs soient appréhendés et jugés", a-t-il ajouté. Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, 4.000 manifestants ont été recensés à Paris, contre 10.500 lors de l'acte 12, et 51.400 dans toute la France, contre 58.600 la semaine dernière. Les forces de l'ordre ont procédé à 39 interpellations, et 21 personnes étaient placées en garde à vue, selon le parquet.  

Des heurts à Bordeaux, Lyon et Toulouse 

De nombreux rassemblements avaient également lieu en régions. À Bordeaux, place forte de la mobilisation ces dernières semaines, entre 4.000 et 5.000 personnes ont arpenté les rues de la ville, en partant à 15 heures de la place de la Bourse. Sur cette place, un véhicule de gendarmerie avait été bloqué une dizaine de minutes par les manifestants, rapporte France Bleu Gironde. En milieu d'après-midi, quelques accrochages ont eu lieu en centre-ville devant un cordon de forces de l'ordre, avec quelques jets de projectiles auxquels ont répliqué les forces de l'ordre avec des gaz lacrymogènes. 18 personnes ont été interpellées, et les forces de l'ordre comptent 12 blessés dans leurs rangs, a indiqué la préfecture. 

Des milliers de personnes ont également battu le pavé à Toulouse, autre bastion du mouvement. Scandant "on n'est pas fatigués" ou encore "gilets jaunes en colère, libérez nos prisonniers", les manifestants se sont rassemblés au métro Jean Jaurès avant de prendre un boulevard ceinturant le centre historique de la Ville rose. Des dizaines de personnes portant un masque jaune étaient en tête du défilé en criant "Macron salaud, le peuple aura ta peau". 

Malgré un dispositif de sécurité renforcé pour "l'acte 13" - avec des unités de forces mobiles et deux véhicules blindés à roues de la gendarmerie et un engin lanceur d'eau -, des heurts entre forces de l'ordre et manifestants ont tout de même fini par éclater sur la place du Capitole, poussant les forces de l'ordre à répliquer à coup de canon à eau. Au total, près de 6.000 personnes étaient présentes, selon la police auprès de France Bleu. La préfecture a fait état d'un blessé et de onze interpellations. 

Des heurts ont égalent eu lieu à Lyon, les forces de l'ordre empêchant à plusieurs reprises le cortège d'entrer dans la "presqu'île", en faisant usage de gaz lacrymogènes. D'autres affrontements sont survenus au moment où les manifestants se sont approchés de la préfecture. La préfecture du Rhône a dénombré 17 interpellations, et 13 personnes ont été placées en garde à vue. 

A Marseille et Montpellier, là aussi, des milliers de "gilets jaunes" ont défilé sous le soleil. Dans la cité phocéenne, ils étaient 1.500 au plus fort de la manifestation, dans une ambiance festive. Aux cris de "Macron, démission!" et "Marseille, debout, soulève-toi!", les manifestants ont remonté la Canebière, dont la plupart des commerces fermaient leurs stores à leur passage, pour rejoindre le centre-ville. A Montpellier, quatre personnes ont été interpellées, après que la police ait dispersé les manifestants devant la préfecture au canon à eau. 

À Nice, entre autres initiatives, un collectif baptisé "Résistance 06" appelait tous les "gilets jaunes" de Paca à un rassemblement samedi à la frontière italienne, en présence de Maxime Nicolle, alias Fly Rider : "Réunissons-nous tous pour combattre la répression mise en place par notre État français, promouvons tous ensemble nos revendications et crions notre soutien à nos blessés et aux familles de nos victimes". Maxime Nicolle s'est donc présenté à la frontière et a tenté de la franchir, mais en a été empêché par les forces de l'ordre. "Vous m’empêchez de passer, c'est illégal", a-t-il déclaré, cité par Nice-Matin. Selon le quotidien, les forces de l'ordre ont disposé un camion en travers de la route pour empêcher tout accès. Le médiatique "gilet jaune" est donc reparti  en direction de Nice, tout en menaçant de porter plainte contre le préfet pour entrave à la circulation et à la manifestation. 

A Pau, la mobilisation était faible. Près de 150 personnes ont marché le matin dans les rues de la ville, tandis que d'autres petits groupes ont mené des opérations "péages gratuits" à Artix et Pau-Centre, avant d'être délogés par les gendarmes dans le calme, précise France Bleu Bearn

Dans l'est de la France, près de 500 personnes se sont rassemblées à Mulhouse, tandis qu'à Strasbourg, le hall principal de la gare a été fermé au public, en prévision de l'arrivée de "gilets jaunes", mais les trains ont circulé normalement, selon les Dernières nouvelles d'Alsace. Quelques incidents ont eu lieu à Metz, où près de 1.900 personnes étaient rassemblées selon la police. A Saint-Etienne, plusieurs centaines de personnes ont manifesté dans le calme. 

Dans l'Ouest, à La Roche-sur-Yon, plus d'un millier de personnes se sont mobilisées. A Rennes, la situation s'est tendue après l'arrestation d'un manifestant, qui a entraîné une charge de "gilets jaunes" contre les CRS, qui ont du faire usage de gaz lacrymogènes, décrit France Bleu.

Des manifestations se sont aussi déroulée à Lorient (au moins 2.000 personnes), Brest, ou encore à Caen, ou près de 1.700 manifestants se sont élancés de la place du théâtre.