Emmanuel Rubin l’assure, «la gastronomie française n’a pas perdu sa place»

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Marion Sauveur
Le gouvernement a présenté cette semaine un plan pour "faire rayonner la haute gastronomie française". La Table des bons vivants fait le point sur les différents axes. 

"Préserver, promouvoir et renforcer l’influence et la place de la haute gastronomie française", c’est l’objectif du plan présenté cette semaine par le gouvernement. Une "stratégie ambitieuse", comme le définissent Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation, et Stéphane Séjourné, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, pour "positionner la France en tant que leader de la gastronomie dans le monde". 

Depuis 2010, le repas gastronomique des Français est classé comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco. Les chiffres sont plutôt positifs : un tiers des touristes étrangers qui viennent en France le font pour notre cuisine et nos vins. Mais même si la France est mondialement reconnue pour sa gastronomie, elle n’est plus en pôle position dans les différents classements qui sortent. CNN a même classé la cuisine française qu’au 3e rang du TOP 10 des cuisines du monde (derrière cuisine italienne et chinoise).

Marion Sauveur a épluché le document de 15 pages pour La table des bons vivants, émission de Laurent Mariotte, tous les samedis de 11h à 12h30 sur Europe 1. Et il en ressort trois grands axes. 

Créer un centre national de la gastronomie française

Il s’agit tout d’abord de repérer et d’accompagner les talents de la gastronomie française. De quelle manière ? En créant un centre national de la gastronomie française, sur le même principe que le Centre National du Football à Clairefontaine ou le Centre National de Rugby à Marcoussis pour le rugby. Des chefs seront préparés aux compétitions culinaires mondiales et aux grands événements de la gastronomie, où aujourd’hui la France n’est pas toujours représentée. C’est le cas, par exemple, du Madrid Fusion Food en Espagne. Un congrès gastronomique, où de nombreux chefs viennent faire des démonstrations. Et très peu de Français ! 

Implanter des restaurants à l’international 

Deuxième axe : accompagner les entreprises du secteur à l'international. Le gouvernement français veut mettre en place un programme sur mesure de 6 à 8 mois pour soutenir le développement de la haute gastronomie à l’international. La France a identifié plusieurs destinations, où les chefs français ne sont pas trop présents, alors que la gastronomie française intéresse la population locale. Il s’agit du Moyen-Orient (Arabie Saoudite et Emirats Arabes Unis) et l'Asie de l'Est (Corée du Sud, Hong Kong et Macao).

Aujourd’hui, il existe déjà quelques adresses françaises. A Macao, par exemple, Robuchon au Dôme*** où officie Julien Tongourian. A Hong Kong, on peut notamment découvrir la table de Guillaume Galliot au restaurant Caprice***. A Dubaï, sont présents Yannick Alléno (Stay) et Pierre Gagnaire (Pierre's TT). Enfin, en Arabie Saoudite : Alain Ducasse avait récemment ouvert un restaurant éphémère. Bien sûr, on est loin des 5.000 restaurants français présents au Japon ! 

Une dizaine de chefs devraient être accompagnés en 2024 pour créer leur restaurant à l’étranger. Ils seront sélectionnés via un jury, dans lequel font partie notamment le chef Alain Ducasse, la journaliste Alicia Dorey (Figaro) ou encore Karin Nebot, de chez Kaviari. 

Promouvoir la haute gastronomie 

Et enfin, le gouvernement veut renforcer la promotion de la haute gastronomie française. D’abord en attirant toujours plus d’étudiants étrangers dans les écoles de cuisine françaises. Pour cela, il souhaite créer un réseau international des écoles de la gastronomie. La France souhaite également proposer des animations dans les ambassades à l’étranger. Et sur le territoire français, l’idée est de mettre en valeur les produits du terroir et les spécialités françaises via des manifestations. 22 événements ont ainsi été sélectionnés sur tout le territoire de la mi-mai à la fin de l’été. 

"La France n’est plus la seule"

La gastronomie française a-t-elle réellement perdu de sa superbe pour que le gouvernement prenne les choses en main ? Le chroniqueur de la Table des bons vivants et critique gastronomique Emmanuel Rubin estime que "la gastronomie française n’a pas perdu sa place. Mais, elle n’est plus la seule, ni la première". Il se veut rassurant : "je ne suis pas terriblement inquiet pour la gastronomie française. Simplement les autres pays ont leur mot à dire".