Écologique et bon pour les sols : et si le cheval de trait remplaçait le tracteur ?

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Fanny Agostini, édité par Séverine Mermilliod , modifié à
Selon notre chroniqueuse Fanny Agostini, avec le changement climatique, le cheval de trait pourrait bien faire son grand retour : il ne pollue pas, ne dégrade pas les sols et peut se frayer un chemin sur les terrains les plus escarpés. Un vrai atout pour l'agriculture, comme le montre l'exemple de Cuba.

Et si le cheval de trait faisait son grand retour ? Jusqu'au milieu du siècle dernier, ces animaux étaient la force motrice de l’agriculture, servaient de monture pour les déplacements et étaient indispensables au développement de l’industrie minière. Les frontières administratives actuelles des départements français ont même été tracées de façon à ce qu’un humain à cheval puisse transporter le courrier d’une préfecture à une autre en 24 heures maximum de trajet ! Et puis l’arrivée du moteur et de l’industrie automatisée a changé la donne et permis de changer d’échelle...

Moins de pollution, plus de lien social

Résultat : si en 1938, on comptait plus de deux millions de chevaux pour 35.000 tracteurs, trente ans plus tard, ils ne sont plus que 860.000, pour un millions d’engins mécaniques. Or cette mécanisation n'est rendue possible que grâce aux combustibles fossiles. À l'heure de la prise de conscience écologique, le retour du cheval ne paraît donc pas si fou. 

Les chevaux ne manquent pas de points positifs. Ils ne polluent pas l’atmosphère et sont silencieux. Ils sont capables d’arpenter les terrains les plus escarpés et peuvent se frayer un chemin là où les tracteurs ne peuvent pas circuler. Grâce à leur poids plume, les chevaux de trait n’excèdent pas la tonne alors qu’un gros tracteur dépasse facilement les cinq tonnes. Ils ne vont donc pas tasser et dégrader les sols - ce qui est aujourd'hui un des gros problèmes de l’agriculture moderne mécanisée. 

A Cuba, 100% du transport de nourriture se fait à cheval

Ce sont aussi des êtres sociaux, qui re-dynamisent les échanges humains, en servant de lien entre les agriculteurs et les consommateurs. Pourraient-ils alors à nouveau supplanter les machines ? L’exemple actuel à Cuba peut nous donner un aperçu. L'île, en ce moment en proie à des restrictions drastiques de carburant suite aux sanctions américaines, voit la traction animale revenir en force, autant dans les champs que pour le transport public et touristique. Aujourd'hui 100% du transport de nourriture des paysans vers les habitants se fait à cheval.

Sans vouloir faire de pronostics hasardeux, ont peut se douter que la raréfaction du pétrole va rebattre les cartes d’une nouvelle organisation de la mobilité et du travail de la terre dans les décennies à venir : d'où l’intérêt de remettre le pied à l’étrier !