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Alexis Patri , modifié à
Invitée de l'émission "Il n'y a pas qu'une vie dans la vie", la scientifique, navigatrice et autrice Isabelle Autissier pointe la confusion entre survie de l'humanité et survie de la planète. Elle explique également les raisons pour lesquelles l'écologie demeure aujourd'hui encore un sujet politiquement marqué à gauche.
INTERVIEW

Forte de sa formation d'ingénieure agronome spécialisée en halieutique, de son rôle de présidente de WWF et de ses décennies d'expérience comme navigatrice, Isabelle Autissier voit la planète changer. Mais elle prévient : la Terre continuera de tourner, avec ou sans nous. Ce qui est en danger, n'est pas la planète, c'est l'espèce humaine. Un cri d'alarme face à l'inaction politique qu'elle pousse dimanche au micro d'Isabelle Morizet dans l'émission Il n'y a pas qu'une vie dans la vie"Les questions environnementales sont avant tout un humanisme", théorise-t-elle.

L'écologie est donc avant tout l'affaire des humains. "Si l'on fait tout ça, c'est pour nous, pour vivre dans des conditions décentes, dans des conditions où l'humanité peut continuer à s'exprimer. Or, aujourd'hui, on a une forme d'organisation humaine, sociale, économique et politique qui tire contre nous-mêmes : on détruit les fondamentaux de ce qui nous fait vivre", s'exaspère Isabelle Autissier au micro d'Europe 1.

"10% des habitants de la planète produisent 50% des gaz à effet de serre"

"La première chose est d'avoir un climat à peu près correct. En mai dernier, en Inde, il a fait 50 degrés", rappelle-t-elle. "À 55 degrés, les protéines coagulent. Les humains coagulent. Donc les humains vont partir, ils ne vont pas se laisser griller sur place. On frôle les limites de la survie de l'espèce humaine."

Pour Isabelle Autissier, il est trop facile de résumer ces enjeux à une question de surpopulation de la planète. "Aujourd'hui 10% des habitants de la planète produisent 50% des gaz à effet de serre", indique-t-elle. "Il faut aussi rééquilibrer. Nous sommes, chez nous, dans la surconsommation et l'excès. On gaspille, on commande dix trucs pour en jeter neuf, on fait n'importe quoi. Il faut qu'on se calme. On peut extrêmement bien vivre sans surconsommer. Et ce n'est pas de l'écologie punitive. Je hais ce mot. Ce qui est punitif, c'est de ne pas faire l'écologie. C'est punitif pour les humains."

"Les fondements de l'écologie, c'est de la science"

Et l'urgence écologique, qui touche tous les humains, est donc pour Isabelle Autissier apolitique. "Les fondements de l'écologie sont apolitiques, parce que les fondements de l'écologie, c'est de la science". Pourtant, en France, les discours et l'action écologique se concentrent sur les partis à gauche de l'échiquier politique. "Parce que les autres ne s'en sont pas occupés", explique l'ingénieure et navigatrice.

"Pendant des décennies et des décennies, les seuls qui ont porté ce sujet étaient ces partis-là", observe-t-elle. "Si, les partis de droite, du centre, voire même de l'extrême droite avaient vraiment eu une action, pas seulement des beaux discours, ils auraient été crédibles. Ils auraient pu porter ces sujets-là. Ils ne l'ont pas fait."