Attentat déjoué : deux hommes arrêtés, un important saisi par les enquêteurs

Les deux hommes ont été interpellés à Marseille, mardi matin.
Les deux hommes ont été interpellés à Marseille, mardi matin. © AFP
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Le service police-justice d'Europe 1 et avec AFP , modifié à
Les deux individus, armés, étaient activement recherchés depuis la fin de la semaine dernière. Ils souhaitaient commettre "une action violente à la veille de l'élection présidentielle". 

À cinq jours du premier tour de l'élection présidentielle, deux hommes soupçonnés de "vouloir commettre, de façon imminente, une action violente" à "la veille" du scrutin ont été interpellés mardi à Marseille, a indiqué le ministre de l'Intérieur Matthias Fekl. Ils étaient armés et cherchaient à confectionner des explosifs.

Les infos à retenir : 

  • Deux individus "radicalisés" et activement recherchés ont été interpellés mardi matin à Marseille
  • Ils sont soupçonnés d'avoir voulu commettre un attentat "dans les prochains jours", sans davantage de précisions sur la ou les cibles
  • Des armes à feu et du matériel servant à la fabrication d'explosifs ont été trouvés dans l'appartement qu'ils louaient

QUI SONT LES DEUX HOMMES ARRÊTÉS ? 

Les deux individus de nationalité française, Mahiedine M. et Clément B., respectivement âgés de 29 et 23 ans, ont été arrêtés par la DGSI et le Raid mardi matin, entre 10 heures et 11 heures, dans le IIIème arrondissement de Marseille. Selon Matthias Fekl, ils s'étaient "radicalisés" et étaient connus des services de police pour cela. Tous deux étaient activement recherchés depuis la fin de la semaine dernière et plusieurs dizaines d'enquêteurs étaient mobilisés sur ce dossier, selon le ministre de l'Intérieur. 

Mahiedine M., 29 ans. Les deux jeunes hommes se sont connus en partageant leur cellule pendant deux mois en 2015 à la maison d'arrêt de Sequedin, dans le Nord, où ils avaient été incarcérés pour des faits de droit commun. Pendant sa détention, Mahiedine M., né à Croix, dans le Nord, s’était fait remarquer par sa radicalisation croissante. Il avait fait l’objet d’une perquisition administrative en décembre dernier. Sur le fond d’écran de son ordinateur, les enquêteurs avaient repéré le drapeau de l’Etat islamique. Mais ces éléments n’étaient pas suffisants pour engager des poursuites judiciaires. Lorsque les autorités ont voulu l’assigner à résidence, en janvier, le jeune homme avait disparu.

Il n’est réapparu que début avril. Le 4 avril, Mahiedine M. a envoyé un pli au commissariat de Roubaix accompagné d'un mot. Il cherchait également à entrer en contact avec l'Etat islamique (EI), notamment pour transmettre "une vidéo d'allégeance ou de revendication", selon le procureur de Paris François Molins. Interceptée le 12 avril par la DGSI, cette vidéo montre une table sur laquelle est posée un fusil mitrailleur Uzi, le drapeau noir de l'EI, des dizaines de munitions disposées afin d'écrire "la loi du talion" et la Une du journal Le Monde du 16 mars, où figurait François Fillon.

Clément B., 23 ans. Clément B., né à Ermont, dans le Val-d'Oise, s'est lui converti à l'islam en 2007 et s'est radicalisé au contact des milieux tchétchènes. Le jeune homme avait exprimé sa volonté de partir pour la zone irako-syrienne. Sa famille avait signalé sa disparition dès le mois de mars 2015. C'est à son contact que Mahiedine M. se serait radicalisé, selon les témoignages des proches de ce dernier. Les services belges ont également ouvert une enquête sur Clément B. en raison de ses liens avec les milieux djihadistes belges, a précisé François Molins. 

Une première enquête préliminaire a été ouverte le 5 avril contre Mahiedine M., après la remontée d'indices attestant la préparation d'une action violente imminente. Le 10 avril, une deuxième enquête similaire a été ouverte contre Clément B.. Au fur et à mesure, les enquêteurs ont réalisé que les deux dossiers se rapportaient au même projet.

QUE SAIT-ON DE LEUR PROJET ? 

L'interpellation des suspects a eu lieu dans un appartement qu'ils louaient, mardi matin. Les perquisitions ont mené à la découverte d'un important arsenal, avec notamment de nombreuses armes ainsi que trois kilos d'explosif. Les deux hommes "cherchaient à impacter la campagne" présidentielle de manière imminente, selon une source proche de l'enquête. Il est en revanche impossible à ce stade de savoir quel était leur projet précis, ni si un candidat était particulièrement visé ou non. 

De nombreuses armes et trois kilos de TATP. Lors de la perquisition, les enquêteurs ont ainsi trouvé un "fusil mitrailleur Uzi, deux armes de poing, un pistolet automatique, des sacs et des boites de munitions, un silencieux et un couteau de chasse", a précisé François Molins. "Trois kilos de TATP, un sac de boulons, des tenues de chimistes, une grenade artisanale contenant du TATP" ont également été découverts. Sur place, les enquêteurs ont également mis la main sur un drapeau de l'Etat islamique, un coran, un cagoule noire ou encore un plan de Marseille. 

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QUELLE ÉTAIT LEUR CIBLE ? 

Les deux suspects "cherchaient à impacter" la campagne, selon une source de l'enquête. A ce stade, les enquêteurs n'ont cependant pas pu déterminer avec précision "le jour", "le ou les cibles visées", ainsi que les "circonstances exactes du passage à l'acte", a affirmé François Molins. 

Les photos des deux hommes avaient en tout cas été distribuées jeudi aux services de sécurité des candidats à l'élection présidentielle, d'après Marine Le Pen et l'entourage d'Emmanuel Macron. "Le fait que les deux individus aient été interpellés à Marseille alors que Marine Le Pen y tient un meeting le lendemain n'est peut-être pas un hasard", a indiqué l'entourage de la candidate FN. 

Pas d'élément sur une cible précise. Selon le JDD, la cible des deux individus interpellés était le QG de campagne de l'un des prétendants à l'Elysée. "On nous a dit que les QG étaient menacés sans savoir précisément lequel, et on nous a demandé de renforcer la sécurité du nôtre, ce que nous avons fait", a indiqué à l'hebdomadaire une source proche du candidat d'En Marche!. "Nous savions depuis quelques jours qu'il existait une menace précise et qu'un commando était recherché", abonde, auprès de la même source, un proche de François Fillon.

Les services antiterroristes avaient notamment repéré un photomontage associant la une d'un numéro du journal Le Monde où figurait un article sur François Fillon et une photo du plus âgé des suspects, avec un fusil mitrailleur, selon une source proche de l'enquête. Mais, à ce stade, aucun élément n'indique que le candidat LR était une cible.