Dès la fin de la matinée, les rues et ruelles du quartier du Petit Bayonne, traditionnel bastion des nationalistes basques, débordaient de personnes.
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avec AFP , modifié à
Après la récupération par les autorités françaises de l'arsenal de l'ETA stocké dans les Pyrénées Atlantiques, un "grand rassemblement populaire" a eu lieu samedi dans les rues de Bayonne.

Un "grand rassemblement populaire", avec de 7.000 à 20.000 personnes, selon les sources, a eu lieu samedi après-midi à Bayonne, dans les Pyrénées-Atlantiques, en marge de la remise aux autorités françaises par l'organisation séparatiste basque espagnole ETA d'une liste de ses caches d'armes.

"Prisonniers à la maison". Selon la police, 7.000 personnes, dont la majorité venues du Pays basque espagnol, 20.000 d'après les organisateurs, ont participé à cette "Journée du désarmement" aux cris notamment de "Independentzia" ("Indépendance") et "Presoak etxeak" ("Prisonniers à la maison"), en référence aux 337 militants etarras détenus dans les prisons espagnoles et françaises.

Un "acte historique". Parmi les manifestants, rassemblés sur le thème "Nous sommes tous et toutes des artisans de la paix", se trouvait le député européen EELV José Bové qui, dans la matinée, avait fait la surprise à des policiers de les accueillir sur le site de l'une des huit caches d'armes. "Nous étions une trentaine sur place. Nous avons attendu que les forces de l'ordre et les démineurs arrivent", a déclaré José Bové. "Il y avait beaucoup d'explosifs. La société basque est enfin libérée, cet acte historique permettra à cette société de se reconstruire et aussi aux familles des victimes de faire ce travail de reconstruction très compliqué", mais "ce n'est pas la victoire des uns ou des autres", a-t-il ajouté.

Dès la fin de la matinée, les rues et ruelles du quartier du Petit Bayonne, traditionnel bastion des nationalistes basques, débordaient de personnes sous un soleil de plomb. Place Paul-Bert, où avait lieu le rassemblement, un grand écran retransmettait les débats de la journée, entrecoupés de chants basques, repris toutes générations confondues. Raphaël, venu de Biarritz, veut penser à chacun des deux camps. "Il faut respecter les victimes, et surtout les victimes innocentes. On ne l'oubliera pas, on ne peut pas l'oublier. Le peuple basque a décidé de laisser les armes", s'est-il réjoui au micro d'Europe 1.

"À nous de construire ensemble la paix". Un des "artisans de la paix", membres de la société civile et chevilles ouvrières de l'opération de "désarmement", l'avocat Michel Tubiana, ancien président de la Ligue des droits de l'Homme, a lui martelé : "Soyons-en certains, il faudra combattre la haine (...) rien de ce qui a été cette histoire ne doit être éludé. À nous de construire ensemble la paix".

Samedi, comme annoncé dans un communiqué à la BBC, ETA (Euskadi ta Askatasuna/Pays basque et liberté), qui avait renoncé à la lutte armée en 2011, a fourni aux autorités françaises une liste de huit caches d'armes et d'explosifs, qui constitueraient ce qu'il reste de son arsenal et qui sont situées en France, dans le département des Pyrénées-Atlantiques, frontalier de l'Espagne. Une opération qualifiée de "grand pas" par le ministre français de l'Intérieur, Matthias Fekl, mais dénoncée par le gouvernement espagnol comme "une opération médiatique", au mépris des 829 victimes d'ETA.