8:00
  • Copié
R.Da. avec AFP
Quelques jours après l'attentat de Nice et la tuerie de Munich, les Journées Mondiales de la Jeunesse catholique s'ouvrent mercredi à Cracovie, dans un contexte sécuritaire hors-norme. Le porte-parole de la Conférence des Évêques de France a assuré, au micro d'Europe 1, sa confiance en le dispositif polonais.

Le pape François commence mercredi sa visite en Pologne, au milieu d'un lourd dispositif de sécurité. Allant à la rencontre de jeunes catholiques du monde entier, le souverain pontife devrait évoquer la crise migratoire, un sujet particulièrement épineux pour Varsovie. Après la fusillade de Munich et l'attentat de Nice, après ceux de Paris et de Bruxelles, la grande fête des Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) commencera à Cracovie dans une ambiance alourdie dans toute l'Europe. Conscient des risques potentiels, le gouvernement polonais a mis en place un très important dispositif de sécurité avec des milliers de policiers et a rétabli les contrôles aux frontières.  

Un risque limité ? "Nous partons très sereins, les autorités polonaises ont redit que les conditions de sécurité étaient revues", souligne dimanche au micro d’Europe 1 Monseigneur Olivier Ribadeau-Dumas, secrétaire général et porte-parole de la Conférence des Évêques de France, qui rappelle également que "le risque en Pologne est inférieure à ce qui peut exister dans d’autres pays."

Un moment de joie et de fraternité. Le prélat a insisté sur la motivation des pèlerins et leur confiance. "Je n’ai pas eu l’impression qu’il y avait des craintes particulières par rapport à ça. Il n’y a d’ailleurs pas eu de désistements après le 14 juillet", relève-t-il. Pour Monseigneur Ribadeau-Dumas, "l’envie pour les jeunes de vivre un moment de joie et de fraternité", au milieu d’une actualité difficile, a fini par l’emporter sur d’éventuelles craintes.

La miséricorde au cœur de l’événement. Cette année, les JMJ seront placées sous le thème de la miséricorde, "c’est-à-dire l’attention que nous avons à porter les uns vis-à-vis des autres, ce souci que nous avons de l’autre, ce regard que nous avons à porter sur l’autre, et qui est un message très fort au cœur de la société française où, justement, on a tendance a regarder l’autre avec mépris et suspicion. Ce message, porté par l’ensemble des pèlerins, sera véritablement le centre des Journées mondiales", insiste l’ecclésiastique.

Après Rio en 2013, le choix de Cracovie, ville dont Karol Wojtyla fut l’évêque avant de devenir Jean-Paul II, reste éminemment symbolique, dans la mesure où la pape François, populaire et excellent communiquant, est souvent comparé à ce prédécesseur disparu en 2005. "À Cracovie, il y a un sanctuaire de la miséricorde. Il y a une grande Sainte qui est Sainte Faustine, qui a été canonisée par Jean-Paul II. La miséricorde, c’est la certitude que le pardon est toujours acquis et que Dieu aime les personnes et qu’il a envie de donner son amour à profusion. La volonté du pape François, c’était que les jeunes puissent goûter cet amour de Dieu pour chacun d’eux, et il le fait dans ce sanctuaire marqué par le présence de Jean-Paul II et celle de Sainte Faustine."

Un message pour la dignité humaine. Autre temps fort attendu, la visite du pape au camp d’Auschwitz, vestige du génocide juif perpétré pendant la Seconde Guerre mondiale. "Il entrera seul dans ce camps, synonyme d’une haine incroyable portée envers une catégorie de personne en raison d’une religion", explique Monseigneur Olivier Ribadeau-Dumas. "Et le pape redira que la dignité de tout être humain, de son début à sa fin, telle quelle soit, est inviolable et on ne peut pas l’attaquer."

Une Eglise au cœur du scandale

Confrontée depuis plusieurs mois à une série d’affaires d’abus sexuels sur des mineurs, l’Eglise catholique française a promis une des mesures. Monseigneur Olivier Ribadeau-Dumas a assuré que celles-ci avaient bien été prises. "Nous avions dit que les diocèses mettraient en place des commissions d’écoute et d’accueil des victimes, les diocèses les ont mis en place ou sont en train de les mettre en place pour la très grande majorité d’entre eux", explique-t-il.

Aider les victimes à se signaler. "Nous avions annoncé la mise en place d’une cellule permanente de lutte contre pédophile, pour porter le souci de la pédophilie au sein de la Conférence des Évêques de France. Elle est en place, présidée par un évêque. La commission indépendante [présidée par un laïc, ndlr] est en place", assure le porte-parole, qui rappelle aussi que l’Eglise a mis en ligne cette semaine un site Internet pour "faciliter la possibilité pour les victimes de se signaler, de s’adresser à leur évêque […]".

Prendre la mesure du fléau. "Les signalements existent, reconnaît Monseigneur Ribadeau-Dumas, il y en a un certain nombre, mais il n’y a pas un tsunami de signalements, ce sont des signalements qui sont très anciens. Bien sûr un signalement est toujours un signalement de trop, c’est-à-dire qu’une victime est toujours une victime de trop." Il l’assure : "les évêques ont pris la mesure de ce fléau que représente la pédophilie aujourd’hui, et surtout la mesure que la souffrance des victimes ne s’émousse pas avec le temps."