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Alors que près de 400 écoles fermeront définitivement leurs portes cet été, le ministre de l'Education assure que la promesse d'Emmanuel Macron "sera tenue à 100%".
LE TOUR DE LA QUESTION

Près de 400 écoles primaires vont définitivement fermer leurs portes cet été, selon des chiffres révélés mardi par Le Parisien. Et ce malgré la promesse d'Emmanuel Macron de ne plus en fermer d'ici 2022 sans l'accord du maire. Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Education nationale, était l'invité mardi du Tour de la question, sur Europe 1, pour commenter ces chiffres. 

Pour le ministre, "la promesse sera tenue à 100%" puisque toutes les fermetures ont été décidées avec les maires. "Ce sont les communes elles-mêmes qui le souhaitent. Soit car il y a des regroupements d'écoles, soit parce que les communes prennent acte qu'il y a peu ou pas d'enfants et que c'est dans l'intérêt des enfants de regrouper les classes dans un autre village".

"Personne n'est heureux de la fermeture d'une école rurale"

Le ministre entend par ailleurs apporter des précisions sur les chiffres révélés mardi. Sur les 400 écoles concernées, 250 concernent un regroupement de classes ou une fusion d'écoles. Dans 112 cas, il s'agit de fermetures simples. Quant aux 41 cas restants, Jean-Michel Blanquer assure qu'il s'agit d'écoles qui auraient dû fermer dans un premier temps en raison d'un trop petits nombres d'enfants, mais qui ne fermeront finalement pas après demande du maire, pour diverses raisons, comme une trop longue distance avec l'autre école la plus proche, par exemple.

"Evidemment, personne n'est heureux de la fermeture d'une école rurale. Je passe mon temps à défendre l'école rurale. Nous avons des mesures de bienveillance pour arriver à ce que la rentrée prochaine soit celle où il y ait le moins de fermetures depuis de nombreuses années", se défend le ministre de l'Education. Qui interpelle également tous les Français sur ce sujet : "Le vrai sujet derrière ça - que tout le monde doit se poser - c'est la démographie. Il manque 50.000 à 60.000 enfants à naître chaque année, notamment en milieu rural. Quand il n'y a pas d'enfants il n'y a pas d'école, malheureusement. Comment assurer un rebond démographique ?", interroge-t-il. "Mon engagement est de faire une école attractive, qui donne envie à des jeunes familles de s'installer", poursuit-il.

"Je suis le premier défenseur de l'école rurale"

Le ministre assure que ses services sont en concertation constante avec les élus ruraux. "Chaque fois que le maire veut rouvrir l'école, il l'a fait. Mais parfois, les mairies décident d'une école commune. Cela permet alors d'avoir une meilleure cantine, un groupe de professeurs plus important, un meilleur système". "L'image d'une Education nationale insensible à l'exode rural et à l’affaiblissement de la ruralité est évidemment fausse. Je suis moi même le premier défenseur de l'école rurale. J'y tiens vraiment, je considère que c'est vraiment important", martèle le ministre.

Et de conclure : "Nous avons créé des postes en primaire à chaque rentrée depuis 2017. Il y a une amélioration de l'encadrement dans chaque département. Nous continuons à éviter les suppressions de poste autant que nous le pouvons. Il faut faire très attention à ce qui est colporté par les uns et les autres sur ce sujet".

Des maires "sous la contrainte"

Les promesses d'Emmanuel Macron sont-elles vraiment tenues, comme l'assure Jean-Michel Blanquer ? Pour Nicolas Soret, président socialiste du pôle d'équilibre territorial et rural (PETR) du nord de l'Yonne, la réalité est un peu plus complexe. "On a vu un certain nombre de fermetures cette année. [...] Certains maires ont eu le temps de travailler leur projet, mais d'autres l'ont fait sous la contrainte. Il faut savoir comment on obtient l'avis des maires, entrer dans les détails. Dans certains cas, on a dit aux maires : 'De toute façon, il n'y aura pas d'enseignants devant vos élèves, donc regroupez-vous'".

Pour Nicolas Soret, la concertation vantée par le ministre de l'Education aussi, est un leurre. "D'abord on ferme une classe, puis une deuxième et on finit par se rendre compte que l'on ne va pas faire école devant une seule classe. Tout ça dans un temps très restreint. La concertation n'existe pas, on n'a pas le temps de la mettre en place", déplore l'élu socialiste. Et de conclure : "Il nous faudrait un plan pluriannuel, avec des engagements sur plusieurs années".