Deep Climate : après la chaleur humide, le grand froid du Nord polaire pour les aventuriers du climat

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Vingt explorateurs français sont rentrés de leur expédition en Laponie (Illustration). © Vincent Brugere - Celine Isaert / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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Delphine Schiltz
Ils sont passés de la chaleur humide tropicale, à la morsure du froid polaire. Vingt Français - dix femmes et dix hommes volontaires - sont rentrés début avril de leur expédition scientifique Deep Climate en Laponie pour suivre une batterie de tests à l’Institut du Cerveau (ICM) de l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Europe 1 les a rencontrés.

Des crevasses sur le bout des doigts, le visage un peu violacée, tannée par le froid. Après la Guyane tropicale en juin, Diane et Nicolas gardent quelques traces de leur expédition de 22 jours dans le Grand Nord. Ils viennent d’achever leur voyage scientifique en Laponie finlandaise dans le cadre du projet Deep Climate, un périple destiné à évaluer les capacités d’adaptation humaine face à différentes conditions climatiques.

La violence du froid : "Un véritable choc" pour certains explorateurs

"On a eu jusqu'à – 34 degrés, en températures réelles. Et quand qu'on manipule des tentes dans la neige avec des broches à glace, des pics, ça peut faire des petits bobos comme ça", raconte Nicolas, en montrant ses mains. "Je pense que je fais plutôt partie des gens qui ont eu de la chance parce que j’ai réussi à dormir, malgré les conditions", précise-t-il.

Diane a été épargné : aucune engelure, mais des cernes. Elle a eu du mal à trouver le sommeil : "J'allais passer 20 minutes, une demi-heure à frictionner mes pieds, à les masser, à les frotter les uns contre les autres. J'avais des petits chaussons de nuit que je soufflais à la bouche pour les réchauffer", raconte-t-elle. "Je suis ravie d'être rentrée. J’avais bien vécu la Guyane mais la Laponie, ça a été très éprouvant pour moi, physiquement et mentalement. Ça a été un véritable choc."

La beauté comme facteur de cohésion

Pour mesurer justement la pression du climat sur les êtres humains, et leur capacité d’adaptation, les explorateurs se soumettent à une batterie de tests à leur retour. Direction l’Institut du cerveau pour des IRM, des mesures de l’activité cérébrale, du tonus cardiaque… En position allongée, assise, debout, l’idée est d’étudier comment des personnes lambdas s’adaptent aux conditions extrêmes.

Christian Clot dirige ce projet scientifique : "Très clairement, l’équipe a plus souffert en termes physiologiques dans le grand froid. Je pense cependant qu’elle s’est mieux adaptée en termes psychologiques. Et surtout la coopération a mieux fonctionné dans ce territoire que dans la forêt guyanaise."

"Une des choses aussi qui a permis à l'équipe de fonctionner et de s'adapter, c'est l'émerveillement", poursuit-il. "Ces territoires sont très durs. Mais on doit aussi parler de l'extrême beauté des territoires, des arbres, des grands plateaux, des aurores boréales qui peuvent apparaître durant la nuit. Et ça préside aussi de la capacité d'adaptation. Cette notion d'émerveillement encourage totalement la cohésion du groupe." Prochaine étape de cette aventure climatique et humaine le désert brûlant du Moyen-Orient.