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Antoine Terrel , modifié à
Ancienne directrice de plusieurs maison d'arrêt et autrice d'un livre sur son expérience, Christelle Rotach raconte sur Europe 1 les difficiles conditions de travail dans les prisons, mais aussi les réussites de son métier. 

À la tête des plus grandes maison d'arrêt françaises, Christelle Rotach a été une témoin privilégiée des évolutions de la prison et des difficultés rencontrées par les personnels pénitentiaires. Dans le livre Directrice de prison, celle qui a dirigé les établissements de Nanterre, Les Baumettes, ou encore la prison de La Santé revient donc sur son parcours et raconte les coulisses de la vie carcérale, y compris de ses aspects souvent oubliés. "De l'humanité, il n'y a que ça dans les établissements pénitentiaires", témoigne-t-elle samedi sur Europe 1. 

Surpopulation carcérale : "Des taux qui apparaissent complètement fous"  

Mal persistant des prisons françaises, la surpopulation carcérale était toutefois en léger recul en juillet, avec 71.710 personnes incarcérées, selon les chiffres de l'administration pénitentiaire, soit une densité carcérale de 117,4%. "Ce sont des taux qui apparaissent complètement fous", reconnaît Christelle Rotach, qui précise toutefois que cette situation ne concerne "qu'un type particulier d’établissements que sont les maisons d'arrêt". Ces maisons d'arrêt sont "un peu les gares de triages", où on y gère "les personnes prévenues, les personnes condamnées à de courtes peines, et les détenus condamnés à des peines moyennes ou longues en attente de place dans un établissement pour peine". 

Mais, précise-t-elle, au niveau des cellules, "de plus en plus, on cherche à séparer les gens en fonction d'un certain nombre de catégories". Et Christelle Rotach de rappeller que "depuis 10 ans, il y a une interdiction stricte de faire cohabiter les prévenus et les condamnés dans les mêmes cellules". Les jeunes détenus sont "souvent affectés ensemble", explique-t-elle encore. 

Sur les détenus pour terrorisme, "on a appris à marcher en marchant"

Alors que la menace terroriste reste forte, et que les prisons accueillent désormais des personnes radicalisées ou condamnées pour des faits de terrorisme, Christelle Rotach note que "la prise en charge de ces profils est le point d'attention de tous les échelons hiérarchiques de l'administration pénitentiaire et du ministère de la Justice". "

"C'est quelque chose de très préoccupant", ajoute-t-elle, reconnaissant qu'"on a appris à marcher en marchant". "Leur prise en charge s'est construite au fur et à mesure du temps", ajoute-t-elle, précisant toutefois que, depuis 2015, "des structures d'hébergement, des procédures d'affectation dans ces structures, ainsi que des mesures d'accompagnement, ont été mises en place". 

"Ce qui me motive, c'est d'améliorer les conditions de détention"

Si la réalité de la prison est dure, Christelle Rotach assure avoir construit sa carrière autour d'une motivation : "améliorer le fonctionnement de la structure, des conditions de détention, des condition de travail des personnels". "Toute mon activité est tendue par cet objectif-la", dit-elle encore. 

"De l'humanité, il n'y a que ça dans les établissements pénitentiaires", témoigne l'ancienne directrice de prison, se souvenant de "très belles choses très émouvantes", comme des remises de diplôme. "La prison, c'est aussi s'en sortir", conclut-elle, "et toutes les petites réussites que j'ai pu connaître dans ma carrière, comme les gens qui changeaient radicalement de vie, ou trouvaient quelque chose à la sortie, c'est aussi le moteur de ce métier".