Dans les Landes, des chercheurs enquêtent sur la mort des jeunes pins

Pins Landes forêt
Si la forêt sert à stabiliser la dune, elle sert également à l’industrie du bois et du papier, deuxième pourvoyeur d’emplois en Aquitaine. © Larrousiney
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Théo Maneval, édité par Pauline Rouquette
Des chercheurs ont été appelés à l'aide dans les Landes pour sauver les forêts de pin qui bordent les dunes, les plus jeunes arbres n'arrivant plus à pousser. Au terme d'une véritable enquête, les chercheurs de l'ONF, de l'INRAE et de l'université de Bordeaux ont réussi à isoler un coupable et son complice.
REPORTAGE

Il faut sauver les pins des Landes. Des chercheurs ont été appelés à l’aide pour sauver les forêts de pins qui bordent les dunes de cette région du Sud-ouest de la France. Depuis une vingtaine d’années, en effet, l’Office national des forêts (ONF) constate que de plus en plus de jeunes pins n’arrivent plus à pousser. Bien souvent, ceux-ci ne passent même pas l’été. Un phénomène qui met en danger la régénération des 100.000 hectares de forêt dunaire.

Des chercheurs de l’l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE), de l’Office national des forêts (ONF) ou encore de l’Université de Bordeaux se sont donc lancés dans une enquête afin d’identifier les responsables.

"Un coupable, et un complice"

Pendant trois ans, ils ont arpenté les forêts dunaires autour de Biscarrosse. Les chercheurs, parmi lesquels Laurent Augusto de l’INRAE, voulaient comprendre pourquoi de nombreux jeunes pins mourraient dans ce secteur, desséchés, au point de, parfois, disparaître. "Ça a été construit comme une enquête policière", explique Laurent Augusto. "Pour expliquer ces disparitions, on avait plein de suspects. Cela pouvait être lié à la météo, ou à de nouvelles maladies émergentes."

L’enjeu est considérable, car si la forêt sert à stabiliser la dune, elle sert également à l’industrie du bois et du papier, deuxième pourvoyeur d’emplois en Aquitaine. Après trois ans de prélèvements et d’autopsies, l’étau a fini par se resserrer.

"On a trouvé un coupable, et un complice. Le coupable c’était le changement climatique : dans le secteur les étés sont plus secs, ce qui suffit à griller les jeunes plantules. Quant au complice, c’est un secteur où il y a plus d’animaux qui viennent manger les très jeunes arbres, les cervidés, les chevreuils…"

Afin de limiter au maximum la présence de ces "complices", les quotas de chasse ont été augmentés. Pour ce qui est de la chaleur, l’ONF a changé sa façon de procéder. Moins de coupes rases avant de replanter des graines, laisser de grands arbres servir de parasols aux jeunes pousses… Une nouvelle politique qui fonctionne : dans les zones tests, les jeunes pins sont six fois plus nombreux à survivre.