À quoi ressemblera la nouvelle Marianne, dont le visage figurera sur les prochains timbres postaux ? Jeudi, Emmanuel Macron doit dévoiler son choix en Dordogne. Une véritable tradition sous la Vème République, puisque chaque président depuis le général de Gaulle a décidé du visage de SA Marianne. Un choix éminemment politique, souligne Pascal Roman, historien du musée de la Poste, invité de la Matinale d'Europe 1.
Une longue réflexion. Marianne a donc beaucoup changé de visage au cours des différentes mandatures. "Elle s'est adaptée à l'évolution de l'art, de la société, et à la volonté d'un homme politique et de ses engagements. Autrement dit, on sent à travers cette Marianne un peu de son programme, ou du moins ses rêves", indique le spécialiste. "Un président réfléchit très longtemps à sa propre Marianne, il est conseillé, il dit ce qu'il souhaite, il va chercher sur plusieurs portraits celui qui pourrait le plus signifier le message politique qu'il cherche à faire passer", poursuit-il.
La tête tournée à droite… ou à gauche. Et il est intéressant d'observer ô combien les présidents successifs se sont prêtés à ce jeu subliminal (ou pas). "La Marianne de Giscard d'Estaing avait la tête tournée à droite. À l'arrivée de Mitterrand, la République au bonnet phrygien a la tête tournée à gauche. Quand arrive la cohabitation, on a le visage de Marianne de face", rappelle malicieusement Pascal Roman. En 2014, la Marianne choisie par François Hollande avait fait polémique, le dessinateur ayant expliqué s'être inspiré du visage d'une des fondatrices de l'organisation féministe Femen, Inna Shevchenko.
Un message de "jeunesse et de dynamisme". Alors pour quelle Marianne a opté Emmanuel Macron pour insuffler son message politique ? Son choix s'est porté sur le portrait réalisé par Yseult Digan, qui signe Yz, l'une des artistes les plus actives de la scène street art. Sans dévoiler le portrait, l'Élysée a indiqué mercredi que la peintre franco-anglaise avait représenté "une Marianne déterminée, énergique, qui est ancrée dans le 21ème siècle et qui se projette dans l'action". Elle a d'ailleurs été nommée "Marianne l'engagée" par le président, qui avait décidé de consulter, pour faire son choix, les pupilles de la nation.
Consultées par Internet, 550 d'entre elles, âgées de 16 à 98 ans, ont fait une sélection d'une dizaine de dessins qui ont été soumis à l'Elysée. Emmanuel Macron a finalement opté pour leur deuxième choix. "Le message porté par l'actuel président de la République est essentiellement un message de jeunesse, de dynamisme", juge Pascal Roman, qui imagine déjà que l'on pourra retrouver sur ces nouveaux timbres postaux une référence claire au féminisme.