Crise migratoire : "Frontex a vu son budget tripler pour les opérations en Méditerranée"

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C.P.-R. , modifié à
Alors que l'Europe affronte une crise migratoire sans précédent, Fabrice Leggeri, directeur de Frontex - l'agence européenne chargée de la surveillance des frontières - a indiqué que le nombre de migrants tentant de passer en Europe avait augmenté de 175%.
INTERVIEW

"L'augmentation est de 175% depuis le 1er janvier 2015", a déclaré Fabrice Leggeri, directeur de Frontex (l'agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures), à propos du nombre de migrants qui tentent d'entrer en Europe de façon irrégulière, en comparaison à la même période en 2014. Invité de Jean-Pierre Elkabbach mardi matin sur Europe 1, le directeur de l'agence européenne chargée de la surveillance des frontières extérieures à Schengen, a indiqué, par exemple, que "23.000 migrants sont arrivés en provenance de la Turquie, en Grèce, la semaine dernière".

340.000 entrées en huit mois. Depuis le 1er janvier 2015, ce sont pas moins de "340.000 entrées irrégulières dans l'espace Schengen" ont été comptabilisées, a annoncé Fabrice Leggeri, indiquant que "le nombre peut être plus grand dans la mesure où je ne peux parler que de ceux qui ont été détectés et on fait l'objet de procédures".

De faux réfugiés syriens. Compte tenu du nombre de migrants qui arrivent par milliers tous les jours aux frontières européennes, toutes les identités ne peuvent être enregistrées ou vérifiées. "Il y a des personnes qui aujourd'hui sont en Turquie et achètent de faux passeports syriens car elles ont évidemment compris qu'il y a un effet d'aubaine, puisque les Syriens obtiennent le droit d'asile dans tous les états membres de l'Union européenne", a décrypté Fabrice Leggeri. "Ce sont souvent des personnes qui peuvent s'exprimer en langue arabe pour donner l’impression qu'ils sont Syriens" et "qui ont plutôt un profil de migrant économique", a-t-il analysé.

"Vigilants à toutes les frontières". "Aujourd'hui, dans ces opérations, Frontex n'a pas d'éléments objectifs pour dire que des terroristes sont entrés en Europe comme cela", a-t-il répondu à Jean-Pierre Elkabbach qui posait la question d'une infiltration éventuelle des terroristes. Mais, "on doit être vigilants à toutes les frontières extérieures", a insisté le directeur de l'agence européenne de surveillance des frontières.

Un budget multiplié par trois. Pour faire face à ces afflux massifs, "Frontex a vu son budget tripler pour les opérations en Méditerranée", a indiqué Fabrice Leggeri avant de préciser "ce budget est passé de 94 millions d'euros, en 2014, à 142 millions, en 2015". En Grèce, 18 millions d'euros ont ainsi été accordés pour que Frontex puisse accomplir sa mission dans ce pays qui est en première ligne.

Un manque de gardes-frontières. Cependant, "des gardes-frontières supplémentaires manquent", pointe le directeur qui demande aux états membres de l'Union européenne de "mettre à disposition des gardes-frontières pour que Frontex puisse faire de l’enregistrement systématique des migrants aux frontières" , afin de "savoir qui est un vrai demandeur d'asile et qui est un immigrant irrégulier économique, que nous devrons ensuite renvoyer dans son pays".

"Si l’espace Schengen et ses frontières extérieures ne peuvent pas être gérées de façon solidaire entre les états membres, il y a un risque que chaque état reprenne le contrôle de ses frontières nationales. Ce qui ne sera pas plus efficace", a averti le directeur de Frontex.