Crise de l'élevage : date butoir pour une aide d'Etat, les éleveurs désemparés

Au total ce sont 42 000 demandes d'aide d'urgence qui ont été déposées par les éleveurs.
Au total ce sont 42 000 demandes d'aide d'urgence qui ont été déposées par les éleveurs. © AFP
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François Coulon
Le 31 janvier est la date butoir pour les éleveurs en très grande difficulté s'ils veulent prétendre à une aide de l'Etat. Un éleveur sur dix est concerné.

Les éleveurs ont jusqu'à dimanche soir pour déposer une demande d'aide d'urgence. Celle promise par le gouvernement pour soutenir l'élevage en crise. 

La gravité de la crise sous-estimée. En septembre, le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, évaluait à 25.000 le nombre d'éleveurs en très grande difficulté financière. Mais ce sont au total 42.000 demandes d'aide d'urgence qui ont été déposées. Les dossiers éligibles représentent 10% des producteurs français.

3000 à 4000 euros. En moyenne, chaque éleveur éligible devrait toucher 3.000 à 4.000 euros. Une somme jugée dérisoire selon certains. Dans les Côtes-d'Armor, à Pluduno, une commune de 2.000 habitants, cinq éleveurs sur douze s’apprêtent à mettre la clé sous la porte, malgré l'aide de l'Etat : "Je vais recevoir 11.000 euros, de quoi nourrir mes animaux pendant une semaine et demi, commente Fabien Lainé, éleveur de Porc. Je vais passer d'une dette de 200.000 euros à 190.000 euros. C'est dérisoire. Ce que je risque aujourd'hui, c'est de vendre ma maison pour payer mes dettes. Cela représente vingt ans de travail qui part en fumée."

"C'est inacceptable". Installé sur la même commune, Nicolas Le Borgne se dit au bord de l'explosion. Il en appelle au ministre de l'Agriculture : "Monsieur le ministre, aujourd'hui on est en train de mourir, en silence, les uns après les autres. Vous savez que nous sommes chefs d'entreprises. Le chômage, on n'y a pas droit. Quand on dépose le bilan, nous n'avons rien, pointe l'éleveur. Qui est-ce qui paiera les dettes ? Moi j'ai plus de 200.000 euros de dettes. Il faut absolument nous aider. C'est tout un tissu social qui va disparaître sans que personne ne bouge. C'est anormal. Monsieur le ministre, j'ai envie d'exploser. C'est inacceptable d'entendre ce raisonnement, de dire 'je ne peux rien faire'. Si vous ne pouvez rien faire, dans ces cas là, démissionnez."