Un réseau mondial de communications cryptées a été démantelé. Image d'illustration. 1:30
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Salomé Legrand, édité par Laetitia Drevet , modifié à
EncroChat, réseau de communications dont plusieurs autorités judiciaires européennes ont annoncé jeudi le démantèlement, était spécialisé dans la vente de téléphones cryptés au service d'organisations criminelles en garantissant un "anonymat total" et une parfaite "impunité" à ses clients, même en cas d'arrestation.

C’est un "séisme" pour le crime organisé. Les autorités françaises et néerlandaises, avec Europol et Eurojust, ont annoncé le démantèlement d'un réseau mondial de communications cryptées, utilisé quasi exclusivement par des criminels. Le système appelé "EncroChat" reposait sur des téléphones vendus 1.000 euros, sans caméra, ni micro, ni GPS. Dotés d’un double système d’exploitation, l’un classique, l’autre crypté et masqué, les appareils disposaient également de fonctions d’effacement rapide des messages en cas d’arrestation et d'auto destruction automatique au bout d’un certain délai. Un système ultra sophistiqué, que les enquêteurs ont réussi à infiltrer.

"On a une vision du segment supérieur de la criminalité organisée"

Comme les criminels ne se doutaient de rien, les policiers ont eu l’impression d’"être à leur table", raconte l’un d’entre eux. Ils ont même été choqués de voir avec quelle facilité et sans le moindre scrupule les activités criminelles sont planifiées. 

"On a une vision extrêmement claire du segment supérieur de la criminalité organisée, de la façon dont ils travaillent, de la manière dont ils communiquent entre eux. C’est un peu comme si on était dans une énorme réunion de criminels qui se parlent entre eux, où l’on est invisible au milieu", explique le général Jean-Philippe Lecouffe, directeur adjoint de la police judiciaire de la gendarmerie nationale.

Plus de 100 millions de messages interceptés

Mais le 13 juin dernier, le réseau s'est rendu compte qu’il était infiltré et a envoyé un message d’alerte à tous ses utilisateurs en leur conseillant de se débarrasser "immédiatement" de leurs téléphones. Quelque 50.000 appareils étaient en circulation, quasiment tous utilisés par des criminels. Plus de 100 millions de messages ont été interceptés et vont nourrir des centaines de procédures judiciaires dans le monde entier.

La France ne veut pas en dire plus pour le moment mais les Pays-Bas ont déjà communiqué les premiers résultats. Les autorités néerlandaises ont annoncé l'arrestation de "plus de 100 suspects", d’énormes saisies de stupéfiants, le démantèlement de "19 laboratoires de drogues synthétiques", des kidnappings et règlements de compte évités, la saisie de "dizaines d'armes à feu automatiques" et de "près de 25 millions d'euros en cash".