>> Tous les jours dans Historiquement vôtre, David Castello-Lopes revient sur les origines d'un objet ou d'un concept. Ce vendredi, il se penche sur les éoliennes, ces grands pylônes surplombés d'hélices qui fleurissent à travers le monde depuis quelques années pour produire de l'électricité. Une chronique difficile à réaliser pour David Castello-Lopes, qui déteste le vent depuis que cela lui rappelle, à chaque bourrasque, qu'il a une fâcheuse tendance à perdre ses cheveux.
Le vent est devenu mon ennemi
"À cause de mes cheveux j'aime de moins en moins le vent. À une époque, j’avais une densité capillaire admirable et le vent la mettait en valeur. Dès qu’il y avait un coup de vent j’avais l’air à la fois sensible et sexy. Mais maintenant, au fur et à mesure que ma ligne capillaire recule, le vent a surtout pour effet de la faire apparaître. Et du coup je n'aime plus trop ça… Du point de vue de la "sexytude" le vent est devenu mon ennemi, c’est donc un problème.
Mais je suis quand même bien obligé de reconnaître que le vent a deux qualités objectives : il est disponible en quantité infinie et il est gratuit. Deux arguments de poids donc, ce qui en fait une des sources d'énergie les plus tendance du moment, d'où le fait que le monde se couvre d'éoliennes qui sont, au passage, quand même parmi les créations les plus élégantes et les plus graphiques du monde contemporain. Sans oublier qu'elles produisent chaque année en France un peu plus de 6% de notre électricité.
Tout commence il y a 5.000 ans avec le bateau à voile
Mais alors d'où viennent les éoliennes ? Bien sûr, on ne sait pas qui est la première personne à avoir compris que le vent était une source d’énergie. Personnellement, je pense que ça doit être quelqu’un qui a remarqué que ses cheveux bougeaient tout seuls dans certaines situations et qu'il était sexy. Le type a dû se dire : 'attends mais si ça fait bouger mes cheveux, peut-être que ça pourra faire bouger d’autres trucs. Par exemple un bateau.' Et voilà comment est né le bateau à voile il y a 5.000 ans.
À partir de là, on était sur la bonne lancée et petit à petit, on a commencé à utiliser le vent pour actionner des moulins à farine ou des pompes à eau. C’est d'ailleurs surtout avec des pompes à eau actionnées par le vent que les Hollandais ont enlevé toute la mer qu’il y avait en trop dans leur pays. Une façon d'en faire un pays de taille plus respectable. Mais bien sûr, une éolienne n’est ni une pompe à eau ni un moulin à farine, c’est une machine à produire de l’électricité. En toute logique, pour que l’éolienne existe, il fallait donc que l’électricité existe.
Un geek énervant du 19ème siècle
La production d’électricité commence au milieu du 19ème siècle et la première ville éclairée à l'électricité en France, c’est Bellegarde-sur-Valserine, dans l’Ain, en 1884. Mais il a fallu attendre quatre ans de plus pour que l’éolienne soit inventée dans l’État américain de l’Ohio par un monsieur qui s’appelait Charles Brush. Charles c’était une sorte de petit geek énervant du 19eme siècle, le genre de gars sur lequel on copie ses contrôles de maths. Mais bon, autant les maths c’est pas cool quand on veut faire l’amour plus tôt que les autres, autant c’est super utile pour avoir un bon métier, réussir dans la vie... et peut-être faire l’amour. D’un point de vue érotique, les maths sont donc un placement sur l’avenir si vous voulez.
Charles Brush avait bien compris ça et a donc inventé plein de choses en lien avec l'électricité, notamment la première éolienne. C'était en 1887 dans la grosse propriété qu’il avait fait construire avec l’argent des maths. Elle mesurait 18 mètres de haut, soit tout de même grosso modo la taille d'un immeuble parisien, et servait juste pour éclairer... sa propre maison.
Pour avoir un point de comparaison, la Haliade X de General Electrics qui sera mise en service en 2021 fait 260 mètres de haut, soit 50 mètres de plus que la tour Montparnasse. Elle produira suffisamment d'électricité pour alimenter 16.000 foyers, ce qui est vachement plus que l'éolienne de ce geek énervant du 19ème siècle de Charles Bush.