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Pauline Rouquette
Auteure du livre Continuons à penser du mal des autres (Eyrolles), la psychologue Marie-Agnès Chauvin était l'invitée de l'émission Sans rendez-vous, sur Europe 1. Au-delà d'expliquer pourquoi il est normal de juger et de critiquer les autres, elle insiste sur l'importance de déculpabiliser par rapport à nos médisances, et surtout, de "positiver le négatif".
INTERVIEW

Pourquoi pensons-nous du mal des autres, et pourquoi ne pouvons-nous pas nous empêcher de critiquer ? C'est à ces questions, entre autres, qu'a répondu Marie-Agnès Chauvin, psychologue et hypnothérapeute, invitée vendredi de l'émission Sans Rendez-vous, sur Europe 1. Auteure du livre Continuons à penser du mal des autres (Eyrolles), celle-ci a surtout expliqué combien la critique est humaine, et comment profiter positivement du jugement négatif que l'on porte sur les autres.

Quand critiquer permet de s'adapter au monde

Critiquer, juger... "Les humains ont ceci de plus que les animaux", pose Marie-Agnès Chauvin, au micro d'Europe 1. "Nous avons une capacité à porter un jugement sur notre propre pensée et celle des autres, c'est un fait de la psyché et de notre esprit humain". En effet, explique la psychologue, la critique permet de s'adapter au monde. Selon elle, on critique les autres de manière à conforter la posture que l'on a prise, une posture "sécuritaire" adoptée en fonction de l'environnement dans lequel on se trouve. Aussi, face à une posture différente de la nôtre, le réflexe est au jugement. Un jugement qui conforte notre inconscient dans sa position, l'empêchant ainsi de changer.

Quand la méchanceté se transforme en honnêteté 

Critiquer les autres fait-il de nous des êtres méchants ? Et pourquoi certaines personnes, elles, ne critiquent jamais personne ? Pour Marie-Agnès Chauvin, celles-ci sont peut-être déséquilibrées dans leur suradaptation à la gentillesse, ce qui implique qu'elles repoussent l'opposé de cette valeur : la méchanceté. Mais ici, la psychologue insiste sur la nécessité de "positiver le négatif". En effet, développe-t-elle, "la méchanceté" peut s'avérer "positive" quand elle prend "la forme de l'honnêteté, de dire ce que l'on pense".

Car médire n'est pas nécessairement être méchant, et dénigrer les autres doit nous permettre de nous pencher sur ce que cela veut dire de nous. En d'autres termes, explique Marie-Agnès Chauvin, il faut savoir profiter de manière positive de ce jugement négatif que l'on peut porter sur telle ou telle personne, et le transformer en honnêteté constructive... voire même s'en servir pour voir le bien en l'autre. 

Quand critiquer permet de voir les qualités de ceux que l'on critique

"Qu'est-ce que mes critiques disent de moi ?", questionne la psychologue. Prenant l'exemple de critiques exprimées à l'égard d'un conjoint sur son côté désordonné, celle-ci explique que derrière ce défaut du conjoint se cache peut-être une qualité, un côté détendu, décontracté, qui m'est étranger et dont je pourrais me nourrir.

De l'importance de déculpabiliser

Aussi, et surtout, Marie-Agnès Chauvin insiste sur l'importance de ne pas culpabiliser de penser ceci ou cela. "C'est agréable de se dire 'nous sommes ce que nous sommes' et de lutter contre ce sentiment de culpabilité", affirme-t-elle. "Nous sommes normaux, nous sommes êtres humains comme il faut", poursuit la psychologue. "À partir de là, on peut construire, alors que dans la culpabilité, on ne construit rien".

"Analyser sa pensée, tout en freinant ses dires"

Cela ne doit pas pour autant nous autoriser à tout dire, avertit Marie-Agnès Chauvin. Entre penser du mal et dire du mal, la frontière est ténue, mais les conséquences, elles, ne le sont pas. "Si l'on peut difficilement s’empêcher de penser du mal des autres, il n'est pas génial d’en dire, car quand ça sort, cela risque de faire du mal", ajoute la psychologue. D'où l'importance "d'analyser sa pensée, tout en freinant ses dires".