Abbaye de Sénanque, patrimoine, TOBIAS SCHWARZ / AFP 1280 5:11
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Thierry Geffrotin, édité par Grégoire Duhourcau , modifié à
De nombreux monuments français ne sont pas concernés par le "loto du patrimoine", lancé par le gouvernement afin de sauvegarder le patrimoine. Pour ceux-là, il existe le financement participatif.
ON DÉCRYPTE

Après le "loto du patrimoine", place au financement participatif. Des moulins, des petites chapelles ou des manoirs qui ne sont pas concernés par la loterie destinée à la restauration de monuments français ont une autre solution pour trouver les moyens nécessaires pour leur remise en état.

Aujourd'hui, il est donc possible de donner de l'argent pour restaurer un petit pont de pierre, comme celui qui se situe près de Cazes-Mondanard, dans le Tarn et Garonne. Le château de Versailles ou le Louvre organisent des campagnes de financement participatif souvent très médiatisées, mais il y a d’autres projets que l’on peut soutenir, moins prestigieux, plus discrets.

Plus de 2,6 millions d'euros collectés l'année dernière. Et les Français répondent présent. L'année dernière, plus de 2,6 millions d'euros ont été collectés au profit de lieux de patrimoine historique, artistique et scientifique. C’est en progression constante. Tout se passe sur internet et le leader est une jeune start-up qui un nom évocateur : Dartagnans.

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Sur ces plateformes, on trouve par exemple le rachat et la restauration de la gare du funiculaire de Besançon, la rénovation du donjon d’une ferme seigneuriale en Eure-et-Loir ou encore la sauvegarde des trésors de l’église de Varengeville en Seine-Maritime. Cela concerne donc vraiment le "petit" patrimoine, celui qui fait la richesse de la France.

Il y a aussi des projets plus surprenants, comme la restauration d’un Fouga Magister, que les passionnés d’aviation connaissent. Le Fouga Magister est un avion à réaction utilisé pendant 40 ans pour la formation des pilotes de l’armée de l’air et de l’aéronaval.

"On est monté à 3.200 euros, 120% de ce que l'on souhaitait." Une association de Lannion, qui en est propriétaire, voulait restaurer cet avion. Il lui manquait de l’argent et le président de l’Armor Aéro Passion, Jean-Michel Laporte, a donc pensé au financement participatif. "La chose fondamentale, c'est de partager notre projet, lui donner du sens, et puis également avoir un objectif qui soit atteignable. Notre but, c'était une somme qui nous semblait raisonnable, de 2.500 euros, en expliquant les objectifs et puis le sens de ce projet. On est monté à 3.200 euros donc on est arrivé à 120% de ce que l'on souhaitait et on en est très heureux", confie-t-il sur Europe 1.

S'il y a donc des associations qui font appel à ce type de financement participatif, il y a aussi des particuliers ou des petites communes qui n’ont pas les moyens de financer les travaux. C'est le cas de Quilen, par exemple, dans le Pas-de-Calais. Cette commune de 70 habitants a collecté 30.000 euros pour restaurer l’église. En tout, 152 personnes ont donné... soit deux fois plus que le nombre d'habitants !

"C'est absolument génial de se sentir soutenu dans ce projet assez titanesque." Et puis il y a ceux qui font régulièrement appel au financement participatif, comme Stéphanie de Laffon, propriétaire avec son mari du château médiéval et renaissance de Gizeux en Indre-et-Loire : "C'est un très, très grand bâtiment puisqu'il y a plus de 20.000 mètre carrés de toiture. C'est un château qui était dans la famille de mon mari depuis plus de 200 ans. Nous l'avons repris il y a 15 ans, dans le but de le restaurer bien sûr, mais aussi de le faire revivre. Depuis six ans, tous les ans, nous faisons une campagne de mécénat participatif par Internet. C'est absolument génial de se sentir soutenu dans ce projet assez titanesque, qui est plus grand que nous. Nous ne sommes pas tout seuls face à Gizeux qui nous dépasse."

La contrepartie pour ceux qui décident de donner de l'argent, c'est un abattement fiscal, mais surtout des expériences très originales. "Ça peut être des visites de tout ce que l'on ne voit jamais, comme par exemple des caves, des greniers d'un musée, des visites de nuit, à la bougie, d'un monument", explique Romain Delaume, créateur de Dartagnans. "On essaye vraiment de créer de l'extraordinaire, qui ne coûte pas forcément très cher mais qui valorise énormément la personne qui va vivre cette expérience-là."

Pour ceux qui seraient tentés, il y a une campagne qui débute pour sauver l'abbaye romane de Sénanque, dans le Vaucluse. L'église, qui risque de s'effondrer, est en péril et il faut trouver 50.000 euros pour la sauver.