Christophe cherche à se reconstruire après des déboires professionnels : "J'ai morflé"

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Léa Beaudufe-Hamelin
Christophe a connu des déboires judiciaires avec ses deux précédents employeurs. À cela se sont ajoutés le décès de sa mère et son divorce. Au micro d’Olivier Delacroix, sur "La Libre antenne" d’Europe 1, Christophe confie qu’il veut laisser ces histoires derrière lui et refaire sa vie sereinement.
TÉMOIGNAGE

Christophe a connu plusieurs épreuves dans sa vie professionnelle. Il a d’abord eu affaire à un avocat véreux qui l’a poussé à attaquer plusieurs fois son premier employeur. Puis, embauché dans une seconde société, Christophe s’est aperçu que le matériel défectueux présentait des dangers. Malgré plusieurs signalements à l’inspection du travail, aucun contrôle n’a été effectué. Au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1, Christophe explique que ces événements l’ont profondément affecté et qu’il cherche aujourd’hui à se reconstruire.

"Il y a quatre ans, je travaillais dans une entreprise dans le domaine de l’électricité. Ça se passait bien, j'étais en CDD. La deuxième année, mes employeurs m'ont rappelé pour refaire une année. Ils ne m’ont pas fait de contrat. Je croyais que j'allais être embauché. Ils ont pris quelqu'un d'autre à ma place. Mais ils m'ont rappelé trois jours après en me disant de venir remplacer quelqu’un parce qu’il y avait eu un problème. Je n’ai travaillé qu'une semaine. Puis, ils m'ont dit : ‘On a plus besoin de vous, on vous rappellera plus tard’. 

J'ai été pris pour un bouche trou. Donc, j'ai contacté un avocat qui m’a dit qu’ils étaient en faute. Il a pris l'affaire en main. Au début, un arrangement a été trouvé à l'amiable. Ils m’ont fait une proposition, mais mon avocat m'a dit de la refuser, parce qu’elle n’était pas à la hauteur. Donc, on a saisi les prud’hommes. Il m’a dit que la somme gagnée n’était pas suffisante et qu’il fallait continuer. Entre temps, j’ai malheureusement perdu ma mère et ma femme a demandé le divorce. 

" J'ai été manipulé et trahi "

Mon avocat était heureux, parce que ça lui donnait l'occasion de traiter une affaire supplémentaire. Vu les événements, je voulais abréger les choses. Alors, il m’a dit : ‘On va revenir à votre affaire, il faut faire appel. Faites-moi confiance, je prends tout en main.’ J'étais dans un état de faiblesse. Je voulais que tout se règle. Il m'a entraîné. Mais ça a traîné. Un an après, la société a déposé le bilan. Je voulais laisser tomber, mais l’avocat m’a dit qu’au contraire, il ne fallait pas laisser tomber et qu’il allait saisir le liquidateur : ‘Je m'occupe de tout, ne vous inquiétez pas.’ Je l’ai laissé faire. 

L'affaire a été jugée l’été dernier et j'ai eu une réponse cet automne. Finalement, je n’ai pas touché grand-chose. Je me suis fait avoir. J'ai été manipulé et trahi. Quand j'ai demandé des explications à mon avocat par mail, j'ai été pris pour un fou. Il m'a réclamé de l'argent, des dépassements d'honoraires et des frais d'huissier. Je n’ai rien compris. Il n'a pas su m'expliquer, je voyais qu’il était fuyant. D'ailleurs, j’avais affaire à sa secrétaire. Je voulais avoir un rendez-vous pour qu’il m'explique. Il m'a répondu : ‘Le dossier est clos, je n’ai plus rien à vous expliquer’. 

" Ça m'a profondément affecté "

Je suis ensuite tombé dans une société où ça s'est mal passé. Ils se permettent de rouler sans contrôle technique, avec du matériel sans freins et des pneus déformés. J’ai porté plainte, mais je me suis aperçu que cette société avait des connaissances haut placées dans la gendarmerie. Il y a eu des morts et des blessés à cause du matériel et des conditions de travail. Cette société exerce toujours en toute impunité. J'ai même fait des démarches avec d'autres collègues. On a rencontré des personnes à l'inspection du travail. Il n’y a jamais eu de suite, ni de contrôle. Le responsable se vante que tout va bien.

Je laisse tout tomber. Je jette l'éponge. Il faut parfois laisser sa fierté de côté. Je suis épuisé, j'ai fait des pieds et des mains. Ça m'a profondément affecté au niveau de ma santé et ma psychologie. Je suis suivi par une association d'aide aux victimes. Je rencontre régulièrement leur juriste. Quand je lui ai exposé la situation, il m’a dit qu’ils avaient tendance à vouloir poursuivre les employeurs, mais que je prenais la bonne décision par rapport à mon état. J'y ai laissé des plumes. Je me dis que la vie vaut plus que des actions en justice. 

 

J'ai beaucoup travaillé sur moi. Je veux laisser tout ça derrière moi. Je ne pense pas qu'à moi. Je pense à toutes les personnes qui ont subi le même sort et qui le subissent encore. Je pense à refaire ma vie parce que je suis seul. Des amis de longue date m'ont laissé tomber. Après ma séparation et les différentes affaires, j'ai été malmené et perturbé. J’ai déménagé quatre fois en trois ans. Maintenant, j'aimerais bien me poser, refaire ma vie dans de bonnes conditions. D’ailleurs, j'ai retrouvé un emploi dans une autre branche. 

Progressivement, j'essaie de remonter la pente. J'ai morflé. Heureusement qu’il y avait quelqu'un pour m'écouter et me donner des conseils. Cette association continue à me suivre, parce ce n’est pas fini, j’ai encore quelques détails à régler. Après, je tirerai un trait. Je pense à mes enfants que je vois très peu à cause de ma séparation. Il faut avancer. Il ne faut pas baisser les bras. Il y a eu une période où j’ai baissé les bras. J'avais pensé au pire. Après, on refait surface. On se dit qu’il y a de belles choses qui méritent d’être vécues."