Christine ne parvient pas à être relogée : "J’habite dans un taudis"

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Léa Beaudufe-Hamelin , modifié à
Cela fait cinq ans que Christine multiplie les demandes pour être relogée, mais n’obtient jamais gain de cause malgré ce qu'elle décrit comme un logement insalubre. La dégradation du lieu lui cause des problèmes de santé. Au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1, Christine demande conseil à Olivier Delacroix.
TÉMOIGNAGE

Christine habite à Paris depuis douze ans, dans un logement qu'elle décrit comme insalubre, sous les toits. Un logement qui s’est rapidement dégradé à cause de l’humidité ambiante, raconte-t-elle. La vétusté de son appartement serait telle qu’elle lui causerait des problèmes de santé. Malgré de nombreux recours auprès de différentes instances, Christine ne parvient pas à être relogée et son procès avec sa propriétaire s’éternise. Au micro d'Olivier Delacroix dans "La Libre antenne", sur Europe 1, Christine a confié son désarroi.

"J’habite à Paris. Je loue une chambre de service sous un toit, dans un immeuble haussmannien. J’habite dans un taudis. Il y a de la moisissure sur les murs. Le lieu est dégradé à cause de la vétusté, des installations hors-normes qui datent des années 1960 et de l’usure. Ma salle de bain et ma cuisine ne fonctionnent plus depuis cinq ans. Des réparations ont été faites, mais au lieu d’arranger les choses, ça les a faites empirer. Cela fait douze ans que j’habite dans cet appartement.

C’est le seul appartement de l’immeuble qui s’est dégradé à ce point parce que c’est un pignon très étroit. Il ne fait que 2,20 mètres de largeur sur 7 mètres. Il y a une humidité très forte qui s’est imprégnée dans ce logement, qui n’a pas été isolé correctement. Il y a des émanations qui remontent des canalisations. J’ai eu une hémorragie dans un œil à cause de ça. Les appartements du dessous sont très beaux et le loyer coûte 3.000 euros par mois.

" On me punit parce que j’ai fini par me plaindre "

C’est un appartement privé dans un immeuble haussmannien et la totalité de l’immeuble appartient à une seule personne. Je suis en procès avec la propriétaire de l’immeuble depuis deux ans. Ce procès va encore durer longtemps parce que le tribunal est très encombré. Les précédents propriétaires faisaient intervenir des directeurs techniques du bâtiment. Ils réagissaient très vite quand on avait un problème. La nouvelle propriétaire a supprimé ce poste.

Maintenant, quand on appelle au secours, ce sont les gérants qui doivent se déplacer. Ils ne sont pas forcément sur le terrain. Je pense clairement que l’on veut me fatiguer pour me faire partir. Je paye 420 euros de loyer depuis de nombreuses années. Si je pars, l’appartement va être loué plus cher. Je pense que l’on me punit parce que j’ai fini par me plaindre. Mon avocat a dit : 'On nous fait clairement comprendre que les travaux seront faits quand vous vous serez cassée'.

" On ne me reloge pas parce que je n’ai pas d’enfant "

Je demande depuis cinq ans à l’administration de la ville de Paris qui s’occupe de reloger les personnes de me sortir de là. Je le demande également à la mairie de mon arrondissement. J’ai découvert qu’on ne me relogeait parce que je n’ai pas d’enfant. À force de chercher, je me suis rendu compte que les personnes seules ne sont pas relogées. On les laisse comme des parias. Il existe un système de points pour attribuer un logement. Si vous avez un enfant, vous avez plus de points.

J’ai recouru au DALO (Droit au logement opposable) qui permet de trouver une solution pour être logé. Il a été rejeté. J’ai sollicité les plus hautes instances de médiation et ça n’a rien fait non plus. J’ai contacté le ministère de la Santé qui m’a envoyée vers l’ARS (Agence régional de santé). J’ai réussi à joindre une personne qui a demandé une deuxième inspection de l’appartement. Une première inspection avait été faite en 2015 et n’avait rien donné. La deuxième inspection n’a rien donné non plus.

À cause de l’humidité ambiante, mon assistante sociale avait le nez et les yeux qui la piquaient tellement qu’elle n’a pas pu tenir plus de 14 minutes pour faire son rapport. Cela n’a pas été pris en compte. Mon rêve, c’est de sortir d’ici. Je suis tellement épuisée. Je suis cernée de partout et je ne trouve pas de solution."