Christian Begos, éleveur de vaches laitières : "C'est un métier passionnant mais qui ne paye plus"

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A.D , modifié à
Son épouse Catherine a publié une lettre ouverte pour alerter sur la réalité du métier d'éleveur. Derrière la colère, ils dénoncent une longue chaîne de profiteurs de leur travail, conscients ou non.
INTERVIEW

Christian et Catherine Begos sont éleveurs de vaches laitières au Cloître-Pleyben dans le Finistère. Loin du côté vitrine du Salon de l'agriculture qui se profile, il y a quelques jours, une lettre ouverte de l'agricultrice a été publiée dans le quotidien Ouest-France. Elle y évoquait la passion de son mari pour son métier mais surtout leurs difficultés. Ils étaient les invités d'Europe 1.

"Un cri pour alerter". A force d'entendre mon mari parler de ses difficultés, comme beaucoup d'autres agriculteurs. Catherine Begos s'est décidée à prendre la plume pour retranscrire les mots de son époux. "Il fallait que tout sorte", dit-elle. Elle évoque ainsi "un génocide paysan", "une extermination programmée", "l'impression d'être des singes à qui on lance des cacahuètes". Des mots forts. "Derrière les propos de mon mari, il y avait je pense beaucoup de colère. Moi je voulais que le plus grand nombre sache ce qu'il y avait derrière cette colère. C'est un cri, pas de détresse, mais pour alerter."

"Vous perdez de l'argent". Christain Begos détaille son quotidien. "Quand on travaille sept jours sur sept, c'est difficile de ne pas avoir de rémunération. Dès que vous commencez à travailler le matin, vous perdez de l'argent. Ce qui me met en colère, c'est de voir la répartition des marges. L'éleveur fournit la matière première mais n'est pas rémunéré." Pourtant Christian se bat, opère une transition vers le bio. Il affirme aimer toujours son métier. "Heureusement que je l'aime sinon j'aurais arrêté depuis longtemps. C'est un métier passionnant mais qui ne paye plus." C'est justement parce que les agriculteurs sont passionnés "qu'on en profite", ajoute son épouse.

"On ne représente pas grand-chose". La liste de ceux qu'elle considère comme esclavagistes "est longue. Ça peut commencer par tout un chacun qui veut toujours du moins cher. Et surtout, il s'agit des laiteries, des coopératives, des industriels, des grandes surfaces, du syndicat majoritaire (La FNSEA, ndlr), j'ose le dire, et du ministère". La crise des derniers mois n'a fait qu'à peine améliorer la situation. Les candidats à la présidentielle "ne parlent pas beaucoup de l'agriculture. Sur un plan électoral, on ne représente pas grand-chose, 2%. On a l'impression qu'on n'a pas beaucoup d'importance mais on nourrit quand même les gens !"