Une chercheuse est morte de la maladie de Creutzfeld-Jacob après une contamination : son mari dénonce "un certain laxisme dans les règles de sécurité"

INRA crédit : Thierry Zoccolan / AFP - 1280 1:30
  • Copié
Pierre de Cossette, édité par Marthe Ronteix , modifié à
Le veuf de la jeune chercheuse de 33 ans morte de la maladie de Creutzfeld-Jacob dénonce vendredi au micro d'Europe 1 l'attitude du laboratoire de l'INRA où elle aurait été contaminée 10 ans plus tôt.
TÉMOIGNAGE

La semaine dernière, une jeune femme de 33 ans est morte de la maladie de Creutzfeld-Jacob - aussi connue sous le nom de "maladie de la vache folle" - après de longs mois de souffrance. Les symptômes étaient apparus deux ans plus tôt, mais la contamination remonte avec quasi certitude à 2010. Elle est survenue lors d'une maladresse pendant une expérience, dans un laboratoire de l'INRA (l'Institut de Recherches agronomiques). La famille de la jeune femme a décidé de déposé plainte contre l'Institut. Son mari dénonce vendredi sur Europe 1 des règles de sécurité trop laxistes.

>> De 7h à 9h, c’est deux heures d’info avec Nikos Aliagas sur Europe 1. Retrouvez le replay ici

Une jeune chercheuse sans expérience

"Je suis en colère", confie-t-il. "Pas par rapport à l'INRA ni à la communauté scientifique, mais par rapport à un certain laxisme dans les règles de sécurité. La chose la plus révoltante, c'est qu'à l'époque, mon épouse âgée de 25 ans était en CDD, n'avait aucune expérience en laboratoire confiné. On l'y a mise avec des souches de prions humains. Il n'y avait même pas la barrière d'espèce pour la protéger. S'il y avait un accident, elle pouvait directement être contaminée. Je ne comprends pas qu'au niveau de la réglementation, on autorise des jeunes sans formation ni expérience à travailler sur des choses aussi dangereuses et fatales dans ce contexte."

"Cela ne vaut pas le coup de risquer sa vie pour 1.500 euros par mois"

L'Institut a confirmé que la jeune femme avait "eu un accident de service en 2010 lors d'une expérimentation au sein du laboratoire" et estimé qu'il était dès lors "essentiel de comprendre les causes de la maladie". "Il y a deux combats : l'un pour rendre justice à mon épouse, l'autre pour l'ensemble de la communauté scientifique confrontée à ces problèmes. Cela ne vaut pas le coup de risquer sa vie sur des choses comme ça pour 1.500 euros par mois."

La plainte pour "homicide involontaire" et "mise en danger de la vie d'autrui", transmise au parquet de Versailles, dénonce des "manquements à la sécurité" au sein de l'unité de recherche en virologie et immunologie moléculaire, à Jouy-en-Josas. La maladie de Creutzfeldt-Jakob, une maladie incurable très rare qui touche le cerveau.