Chemin des Dames : François Hollande appelle à ne pas faire de l'Europe "le bouc-émissaire de nos renoncements"

François Hollande, Chemin des Dames crédit : capture d'écran France Télévisions - 1280
Le président Hollande a appelé à ne pas sortir de l'Union européenne qui a su préserve ses membres des conflits et des guerres © capture d'écran France Télévisions
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M.R. , modifié à
Le président de la République a rappelé l'importance de l'union des peuples pour la paix et a appeler à protéger l'Europe qui "a su nous prémunir de la guerre et des conflits".

François Hollande s'est rendu dimanche sur le Chemin des Dames (Aisne) pour les 100 ans de cette bataille marquant l'échec mais aussi les sacrifices des armées françaises et le début des mutineries, l'un des épisodes de la Première Guerre mondiale les plus occultés de la mémoire collective. Il y a évoqué "les disparus du Chemin des Dames", rendant hommage aux soldats de tous les pays morts au front. Et de conclure sur l'impératif de conserver la paix et l'union. 

Une histoire trop longtemps oubliée. "Longtemps, le Chemin des Dames est resté dans le silence parce qu'il était devenu le chemin des morts, parce que 'les Dames' n'avaient pas accouché d'une victoire", a rappelé le chef de l'État dans un discours de quinze minutes, prononcé devant la nécropole où reposent des restes de soldats français. Il a également exprimé sa volonté de réhabiliter la mémoire des soldats qui ont refusé d'obéir aux ordres en 1917 et de retourner à l'assaut d'une ligne de front perdue d'avance.

Un hommage aux tirailleurs sénégalais et aux femmes de l'arrière. Le président Hollande a également rappelé l'action des tirailleurs sénégalais, "ces soldats obscurs qui montèrent en première ligne à l'assaut de la crête." Samedi, il avait offert la nationalité française à 28 d'entre eux lors d'une cérémonie officielle. "Leur destin nous rappelle la dette que nous avons souscrite à l'égard de ces hommes qui ont versé leur sang pour notre liberté". Il a également salué l'action des femmes, restées seules à l'arrière pour investir les usines notamment. 

Des attentats condamnés. Des hommages à la suite desquels il a condamné les récents attentats de Londres, du Caire ou encore d'Alexandrie, dimanche dernier. "si la liberté et la démocratie progressent, si les injustices reculent, la guerre est toujours là, qui écrase, qui massacre, qui gaze jusqu'à des enfants innocents, qui jette sur les routes de l'exil des milliers de réfugiés." "Aujourd'hui que l'Europe a su nous prémunir de la guerre et des conflits, préservons-là plutôt que d'en faire le bouc-émissaire de nos renoncements", a déclaré le chef de l'État alors que plusieurs candidats à l'élection présidentielle évoquent une sortie de l'Union européenne.

"L'Histoire bégaie quand le nationalisme ressurgit avec d'autres traits (...)", a affirmé François Hollande. Cela, a-t-il dit, conduit à "repenser aux institutions et aux actes qui ont garanti la paix depuis 70 ans : les Nations Unies, qu'il nous faut encore défendre, l'Europe unie, qu'il nous faut encore promouvoir, et le couple franco-allemand qu'il nous faut encore rapprocher et chérir". "Battons-nous à notre façon jusqu'à notre dernier souffle, jusqu'à notre dernier instant de responsabilité, pour la dignité humaine et pour la réconciliation de toutes les mémoires, c'est ce double message d'unité et de paix que nous portons en revenant cent ans plus tard sur le Chemin des Dames", a poursuivi le président de la République.

Un programme chargé. François Hollande s'est d'abord rendu sur le Plateau de Californie, un des lieux emblématiques de la bataille situé à quelques kilomètres de Craonne (prononcer : Cranne). De ce village martyr avait démarré avant l'aube une marche commentée de 5 km à laquelle ont participé environ 2.500 personnes de tous âges, selon les organisateurs. François Hollande a fait ensuite étape à Oulches-la-Vallée-Foulon dans la Caverne du Dragon, une grotte transformée en caserne puis en musée où il a inauguré une sculpture en hommage aux soldats tombés en 14-18. Il a ensuite rejoint Cerny-en-Laonnois, où il s'est recueilli dans le cimetière militaire allemand, abritant les restes de plus de 7.500 soldats, aux côtés de l'ambassadeur d'Allemagne, Nikolaus Meyer-Landrut. Une commémoration pleine d'émotion.