Chasse à la glu : Allain Bougrain-Dubourg dénonce des "pratiques qui datent d'un autre temps"

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Grégoire Duhourcau , modifié à
Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue de protection des oiseaux, a expliqué à Wendy Bouchard sur Europe 1, ce qu'il reprochait à la pratique de la chasse à la glu, dont l'interdiction a été refusée par le Conseil d'État.
LE TOUR DE LA QUESTION

C'est une pratique qui fait débat. La chasse à la glu est autorisée dans cinq départements français (Alpes-de-Haute-Provence, Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône, Var et Vaucluse). Et malgré le recours de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) devant le Conseil d'État, qui a réclamé son interdiction pure et simple, cela ne changera pas. Ou en tout cas, pas tout de suite. Le Conseil d'État a rejeté la demande de la LPO qui, en réaction, a annoncé son intention de porter plainte contre la France devant la Commission européenne.

Chasse à la glu : "Je crois que l'on peut s'exonérer de pratiques qui datent d'un autre temps", réclame Allain Bougrain-Dubourg

Pour resituer la question, cette pratique consiste à capturer des oiseaux à l'aide de tiges de bois enduites de colle. Pris au piège, les oiseaux sont alors décollés, grâce à de la cendre ou du dissolvant, et sont ensuite  enfermés dans une cage. Le but n'est pas de les tuer directement mais de les utiliser comme "appelants" pour qu'ils attirent leurs congénères, qui eux sont chassés au fusil. Ils sont ensuite relâchés à la fin de la saison de chasse. Les espèces non-chassables capturées de manière accidentelle, sont elles relâchées immédiatement.

La LPO pointe une pratique qui génère de la souffrance animale et qui n'est pas sélective

Pour Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO, cette pratique n'est pas acceptable. "Je crois que l'on peut s'exonérer de techniques, de méthodes qui datent d'un autre temps", lâche-t-il au micro de Wendy Bouchard sur Europe 1. Il "reproche deux choses à ce type de capture". La première, c'est "la souffrance animale" car cela "génère du stress, de la souffrance" chez les animaux ainsi capturés.

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"La deuxième chose, c'est que ce n'est pas sélectif. Les équipes de la LPO qui vont sur place ont trouvé une multitude, soit d'oiseaux, soit des plumes, qui témoignent d'espèces protégées. On voit bien que ce n'est pas sélectif et aujourd'hui, la réglementation qui est plutôt bien faite, dit que les chasses doivent être sélectives. On ne prend pas d'espèces protégées", explique-t-il.

"Des constats" affirmes "que les oiseaux sont affectés"

Il ajoute que le Conseil d'État a estimé "que si tout cela est appliqué conformément à la réglementation, il n'y a pas de problème". Mais il assure que "des constats" réalisés "par des laboratoires vétérinaires" dans le but de "savoir si, notamment avec les dissolvants, on arrivait à relâcher les oiseaux dans de bonnes conditions" ont donné un résultat "affligeant" : "Il dit très clairement que les oiseaux sont affectés. Le Conseil d'État n'a pas entendu tout cela."

Le président de la LPO a donc du mal à entendre la décision du Conseil d'État, tout comme une majorité écrasante d'auditeurs et de lecteurs d'Europe 1. A la question "comprenez-vous que la chasse à la glu des oiseaux soit autorisée ?", 96% des 7.400 votants répondent "non". Des chasseurs eux-mêmes ont pris partie contre cette pratique : "Je suis chasseur et pour moi, ce n'est pas de la chasse, c'est du piégeage", commente par exemple Michel. "Je suis chasseur et je ne comprends pas, une chasse doit être sélective et uniquement pour consommer les animaux prélevés", abonde Richard.