La cueillette de champignons 0:30
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Coraline Brouez
Entre découverte de la nature et plaisir gourmand, la cueillette séduit de plus en plus de Français. Mais attention, il s'agit d'un art exigeant où l'erreur peut s'avérer dangereuse, comme le rappelle Jean-Baptiste Cokelaer, pharmacien et passionné de botanique, au micro de Laurent Mariotte dans l’émission La Table des Bons Vivants.

Avec la rentrée et l'automne qui pointe le bout de son nez, les balades en forêt séduisent les amoureux des grands espaces mais aussi les gourmands, en quête de champignons ou de fruits frais pour accompagner des plats de saison. Mais attention, la cueillette, aussi innocente soit-elle, n'est pas à prendre à la légère. "Une erreur est vite arrivée ", rappelle Jean-Baptiste Cokelaer, pharmacien et auteur du livre Des cueillettes et des hommes dans l'émission La table des Bons Vivants de Laurent Mariotte. Alors pour éviter tout impair, on vous a listé les six commandements d'une cueillette réussie.

1. Sur ton ennemi tu te renseigneras

"Sois proche de tes amis, et encore plus de tes ennemis" : cette citation du Parrain aurait aussi pu être écrite pour la pratique de la cueillette. "Il faut apprendre les éléments toxiques avant de connaître les comestibles", avertit Jean-Baptiste Cokelaer. Pour cela, les livres sont nos amis, mais aussi les balades avec un guide spécialiste qui pourra nous initier aux rouages de la cueillette. "Ce n'est pas parce qu'un champignon a une apparence agréable, joli, qu'il est bon. Il y a des subtilités, des sosies, des tromperies. La forêt n'est pas un self-service." La connaissance est donc la clef d'une cueillette réussie.

2. De ton smartphone tu n'abuseras pas

Pour réussir la cueillette, certaines personnes peuvent être tentées par l’utilisation d’applications qui, d'une simple photo, parviennent à identifier les espèces de champignons ou de fleurs. "C'est un outil, mais si on n'a pas le bagage, il vaut mieux éviter", conseille le spécialiste, interrogé par Laurent Mariotte. En effet, une erreur peut vite arriver, et si l'on n'a pas le recul nécessaire, cela peut être dangereux de se fier aveuglement à une application dont certaines subtilités comme l'impact de l'humidité sur la comestibilité du champignon peuvent manquer.

3. À ton pharmacien tu te référeras

Que vous soyez initiés ou non, sachez que vous pouvez apporter votre panier rempli à votre pharmacien ou un mycologue. Ces spécialistes pourront enlever toutes formes de doutes sur la potentielle toxicité d'un aliment. "À la bonne période, j’ai vingt à trente paniers par semaine qui me viennent à la pharmacie, avec des bons ou des mauvais résultats. Ce n'est pas grave. Le but est d'orienter avant tout et de rassurer," confie le pharmacien, Jean-Baptiste Cokelaer.

4. De ton jardin tu te contenteras

Et parce que la cueillette ne se fait pas uniquement en forêt, on peut aussi partir en quête de champignons... dans le fond de son jardin. Pour autant les risques demeurent les mêmes, alors ce n'est pas parce que l'on est chez soi que l'on doit relâcher notre vigilance. "On peut aussi trouver du pissenlit ou du plantain dans son jardin pour en faire de la salade." L’astuce ? "Laisser un coin de verdure sauvage sur son terrain et voir ce qui y pousse".

5. À la pollution tu prêteras attention

En ville et aux alentours, on fera attention à ce que l'on collecte à cause de la pollution. De préférence, on optera pour une cueillette responsable en forêt ou dans des jardins protégés de la circulation par des serres par exemple. Jean-Baptiste Cokelaer est, lui, réticent à cette idée et se montre plus catégorique : "En ville, on ne cueille rien."

6. De l'objectif tu te moqueras

"Il ne faut surtout pas avoir la pression du résultat" : Jean-Baptiste Cokelaer donne cet ultime conseil, celui d’avant tout profiter du moment présent, des odeurs, des couleurs et de ne surtout pas se précipiter. Et si, vraiment, vous ne trouvez rien, comme le dit le spécialiste : "On peut toujours se rabattre sur la mûre", la valeur sûre qui se ramasse à peu près partout.