Chercheurs 5:36
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Jeudi, les chercheurs sont appelés à la grève pour réclamer des moyens au sein de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche, annoncée dans quelques semaines. Au micro d'Europe 1, ​le secrétaire général adjoint SGEN-CFDT chargé de l'enseignement supérieur et de la recherche, réclame un texte ambitieux. Sinon, "on va se noyer", prévient Franck Loureiro.
INTERVIEW

En pleine crise du coronavirus, les chercheurs sont appelés à la grève, jeudi. "C'est un appel au secours de la recherche", insiste au micro d'Europe 1 Franck Loureiro, secrétaire général adjoint SGEN-CFDT chargé de l'enseignement supérieur et de la recherche. De nombreux chercheurs et enseignants d'université vont déserter labos et amphis pour demander davantage de financements, alors que doit être annoncée dans le courant du mois ou début avril la loi de programmation pluriannuelle de la recherche.

"On est au fond de la piscine"

"Depuis un peu plus de dix ans, la recherche manque de financements", alerte Franck Loureiro. "On est au fond de la piscine et si on ne donne pas le coup de pied au fond de la piscine pour remonter, on va se noyer. Ce fameux coup de pied peut se symboliser par cette loi", insiste le représentant syndical, qui "attend beaucoup" de ce texte, mais reste sceptique : "Depuis quelques mois, on attend des annonces sur le montant global qui sera donné pour réinvestir dans la recherche, et ces annonces n'arrivent pas. On se demande si cette loi va être programmée ou pas."

Plus globalement, Franck Loureiro et les chercheurs en grève dénoncent la direction empruntée par le monde de la recherche. "Depuis de nombreuses années, le modèle développé est un modèle de compétition entre les équipes sous forme d'appels à projets. Or, la recherche a d'abord besoin de visibilité dans le temps, et ça nécessite des financements récurrents chaque année", souligne Franck Loureiro. Elle a aussi besoin de stabilité avec des emplois pérennes or on a développé de l'emploi précaire, sous forme de CDD. Il y a des laboratoires de l'Inserm qui fonctionnent avec 70% de personnels en CDD ; ce n'est plus possible."

Éviter la fuite des cerveaux

Mais outre la nature du contrat de travail, c'est la rémunération des chercheurs qui pose problème, selon le numéro 2 de la CFDT-Recherche. Et en particulier celle des moins expérimentés : "Un jeune chercheur en sciences sociales est environ à 1,3 ou 1,4 smic, autour de 1.600 ou 1.800 euros, sachant qu'il doit avoir une thèse et des contrats post-doctoraux", détaille Franck Loureiro.

"L'entrée dans les métiers titulaires de la recherche ne se fait pas avant 34 ans", poursuit le syndicaliste. "Quand vous commencez à 34 ans à 1.600 ou 1.800 euros, vous avez plutôt envie d'aller dans un autre pays qui offre des conditions de rémunération supérieure." D'après lui, "un des enjeux de cette loi de programmation est de revaloriser les rémunérations et les carrières des jeunes chercheurs" pour éviter une véritable fuite des cerveaux : "On a payé leur formation et ils partent à l'étranger enrichir d'autres équipes, ça pose problème à la recherche française", conclut-il.