Un Livre blanc sur l'immobilier pénitentiaire a été rendu au ministre de la Justice, mardi. 1:06
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M.L , modifié à
Président de la commission à l'origine du Livre blanc sur l'immobilier pénitentiaire, publié mardi, l'ancien sénateur UMP Jean-René Lecerf a détaillé ses propositions sur Europe 1.
INTERVIEW

Comment améliorer le fonctionnement des prisons françaises et lutter contre leur surpeuplement ? Ces questions sont au cœur d'un Livre blanc sur l'immobilier pénitentiaire, rédigé par une commission dédiée et remis mardi au ministre de la Justice. L'ancien sénateur UMP et actuel président LR du conseil départemental du Nord, Jean-René Lecerf, qui a coordonné ce travail, était l'invité d'Europe 1, mardi midi. 

"Un lieu où on peut s'améliorer". "Ce que l'on propose, c'est de mettre en vigueur l'essentiel de ce qui avait été décidé en 2009 dans la loi pénitentiaire, c'est à dire de mettre en place l'encellulement individuel, qui aujourd'hui n'est absolument pas pratiqué, et qui requiert la construction de 15.000 places supplémentaires si on veut effectivement y arriver", explique l'ancien sénateur. "Il faut faire en sorte que la prison devienne un lieu où l'on peut s'améliorer, et non pas un lieu où les personnes sortent plus dangereuses que lorsqu'elles y sont entrées." 

Entendu sur europe1 :
"Si on décide simplement de construire 15.000 places supplémentaires, dans 10 ans, on se posera les mêmes questions"

"Des alternatives à la détention". Pour y parvenir, le Livre blanc recommande notamment de proposer au moins cinq heures d'activités par jour aux détenus, contre "une heure à une heure et demi" aujourd'hui. Il préconise aussi une meilleure formation des agents pénitentiaires, et un moindre recours à la détention provisoire. "Il faut faire en sorte que l'on développe les aménagements de peine pour les personnes qui ont été condamnées et les alternatives à la détention pour les personnes qui sont prévenues", estime Jean-René Lecerf. 

Pas seulement des places supplémentaires. Car la construction de nouvelles places de prison n'est pas une fin en soi, selon le spécialiste. "Si on décide simplement de construire 15.000, 16.000 places supplémentaires, dans 10 ans, on se posera les mêmes questions", déplore-t-il. "Il faut se poser la question des personnes qu'il est utile de voir passer par cette case prison. Pour ceux-là, la prison doit exister. Pas pour celles qui peuvent y échapper parce qu'elles ne représentent pas de dangerosité particulière." 

"Les prisons de la République". Enfin, le président du conseil départemental du Nord juge que ces mesures ne doivent pas "reposer sur la seule administration pénitentiaire". "C'est la société qui doit regarder différemment ses prisons : ce sont les prisons de la République. (...) Cela veut dire que l'administration pénitentiaire doit trouver appui auprès des collectivités locales, des communes, des départements, des régions, des entreprises, des chambres consulaires...", énumère-t-il. "La France est aujourd'hui à peu près dans la moyenne européenne avec 100 personnes incarcérées pour 100.000 habitants. Il ne faut pas aller au-delà."