"Biens mal acquis" : Rifaat al-Assad, oncle du président syrien, mis en examen à Paris

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Rifaat al-Assad. © AFP
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avec AFP , modifié à
Le frère de l'ancien président syrien Hafez al-Assad a été mis en examen le 9 juin dernier pour détournement de fonds, blanchiment et travail dissimulé.

L'ancien vice-président de Syrie, Rifaat al-Assad, oncle de Bachar al-Assad, a été mis en examen à Paris dans dans une enquête sur des soupçons de détournements de fonds pour bâtir sa fortune immobilière en France, selon plusieurs sources concordantes.

Détournement et blanchiment. Frère de l'ancien président syrien Hafez al-Assad, qui l'avait écarté du pouvoir dans les années 80, Rifaat al-Assad, 78 ans, a fait l'objet d'un mandat d'amener et a été mis en examen le 9 juin pour recel de détournement de fonds publics, blanchiment, ainsi que travail dissimulé pour des salaires d'employés non déclarés et payés en liquide, a précisé une source proche de l'enquête.

Exilé. Dans un communiqué, l'association Sherpa, qui avait porté plainte en 2013 et en 2014, s'est félicitée "de l'avancée des investigations judiciaires s'agissant de l'un des principaux anciens dignitaires du régime syrien". En exil depuis les années 80, partageant sa vie entre la Grande-Bretagne, la France et l'Espagne, Rifaat al-Assad est accusé par Sherpa de s'être bâti une fortune considérable grâce à l'argent issu de la corruption et de détournements de fonds en Syrie. L'instruction, qui fait écho aux affaires de "biens mal acquis" de chefs d'État africains, est menée par le juge financier Renaud van Ruymbeke.

Haras et hôtels particuliers. Dans un rapport de 2014, les enquêteurs des douanes estimaient à environ 90 millions d'euros la valeur globale du patrimoine immobilier détenu en France par Rifaat al-Assad et sa famille, au travers notamment de sociétés luxembourgeoises. L'inventaire comprenait un château et un haras dans le Val-d'Oise et plusieurs hôtels particuliers dans les quartiers les plus riches de Paris. Entendu une première fois en 2015, Rifaat al-Assad avait répondu que les fonds venaient du prince héritier et futur roi Abdallah d'Arabie saoudite dans les années 80, tout en assurant n'avoir pas géré lui-même ces acquisitions.