Bénédicte souffre d’infertilité inexpliquée : "J’ai suivi treize traitements en cinq ans"

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Léa Beaudufe-Hamelin
Souffrant d’infertilité inexpliquée, Bénédicte a enchaîné les traitements pendant cinq ans pour tenter de tomber enceinte, en vain. Elle et son mari ont finalement décidé de recourir à une gestation pour autrui. Sur "La Libre antenne" d’Europe 1, Bénédicte raconte son parcours et explique sa décision.
TÉMOIGNAGE

Bénédicte souffre d’infertilité inexpliquée. Pendant cinq ans, elle a enchaîné treize traitements pour essayer de tomber enceinte, en vain. Après plusieurs stimulations hormonales et des fécondations in vitro qui ont échoué, Bénédicte et son mari ont finalement décidé de recourir à une gestation pour autrui. Au micro d’Olivier Delacroix sur "La Libre antenne" d’Europe 1, Bénédicte revient sur son parcours pour tenter de tomber enceinte et déplore le manque de suivi psychologique accordé aux parents pendant ces étapes.

" Cela va faire cinq ans que mon mari et moi essayons de faire un enfant. Je fais partie de ces femmes pour lesquelles on parle d’infertilité inexpliquée. Après cinq ans de traitements et de protocoles, on n’a trouvé aucun souci du côté de mon mari ou du mien. "Tout est parfait", j’ai souvent entendu cette phrase. Les échographies et les spermogrammes sont parfaits, mais ça ne fonctionne pas. J’ai suivi treize traitements en tout, c’est énorme en cinq ans.

Nous sommes un couple assez positif et nous avons de la famille et des amis autour de nous, mais nous vivons des ascenseurs émotionnels. On veut garder le sourire et se dire qu’un jour ou l’autre ça arrivera, mais c’est assez dur. Pendant tous ces traitements, on ne nous a pas proposé de suivi psychologique. Personne n’est là pour nous guider dans ces étapes de vie compliquées. Au début du protocole, on ne pense pas au fait que le psychologique va être touché. On ne s’en rend compte qu’après.

" Mon corps a trop subi "

J’ai arrêté la pilule, c’était la première étape. Au bout de 18 mois, rien n’arrivait. Des tests ont été faits, rien n’a été trouvé. En six mois, j’ai eu six stimulations, ce sont des piqures d’hormones. Je faisais des échographies et des prises de sang régulièrement. Ensuite les rapports sexuels sont contrôlés pendant six mois. Au bout de six mois, nous sommes passés à la fécondation in vitro (FIV). J’ai fait deux FIV qui n’ont pas abouti. On a décidé de changer de clinique. J’ai eu trois nouvelles stimulations et une insémination qui n’ont pas abouti. J’ai dit "Stop, mon corps a trop subi".

Je travaille dans un milieu où je croise beaucoup de personnes. On me dit : "Tu n’es pas maman et pourtant tu as 31 ans". Il y a une pression sociale autour de l’âge. Les regards sont aussi beaucoup tournés vers les femmes qui ne veulent pas tomber enceintes. Laissez-nous tranquilles, laissez-nous faire nos vies. Pour ces personnes, ces questions intimes semblent bienveillantes, mais elles peuvent faire mal. Il y a énormément d’histoires de personnes autour de moi qui n’y arrivent pas pendant des années et qui tombent enceintes finalement. J’y crois encore.

" Nous nous sommes tournés vers la GPA "

Je vois une psychologue depuis un mois et demi. Elle m’a dit de remercier mon utérus et mes ovaires qui sont parfaits. Ça va arriver, mais on ne sait pas quand. Il existe d’autres procédures pour avoir un enfant. Peut-être qu’un jour un bébé arrivera naturellement, mais nous sommes sûrs de pouvoir aimer un enfant sans passer par les étapes de la grossesse. C’est vers la gestation pour autrui (GPA) que nous nous sommes tournés il y a un an maintenant. 

Ce projet va se concrétiser dans les mois à venir. Nous avons choisi d’aller en Ukraine. D’un point de vue financier, c’est plus intéressant que le Canada ou les États-Unis. C’est plus proche aussi. Des amis sont passés par là et nous guident. C’est rassurant. Ils ont leur fille depuis un an. On sera plus forts et notre enfant sera surement fiers que ses parents soient passés par là. C’est quelque chose qui nous motive. C’est un beau combat qui nous attend. 

 

Nous voulions que nos parents et nos frères et sœurs soient en accord avec nous. C’est eux qui ont été avertis en premier. Ça n’a été que du bonheur. Il y avait de la curiosité, mais pas de malaise. On leur a tout expliqué, on leur a montré le contrat. La simplicité des choses les a rassurés. Les personnes autour de nous sont ouvertes et pressées que ça se passe. C’est un gros soutien et je pense que tout le monde n’a pas cette chance."