Bac 2016 : les corrigés des sujets de philosophie en série L

Bac L baccalauréat philosophie
© FREDERICK FLORIN / AFP
  • Copié
, modifié à
Notions, auteurs, pièges à éviter, une professeure de philosophie fait la correction "à chaud" des dissertations de la filière littéraire.

Les élèves de Terminale L avaient le choix mercredi matin entre ces deux sujets de dissertation, pour l'épreuve de philosophie du baccalauréat : "Nos convictions morales sont-elles fondées sur l'expérience" et "le désir est-il par nature illimité ?". Quelles sont les problématiques ? Quels étaient les pièges à éviter pour éviter le hors sujet ? Quels étaient les auteurs à citer? Y a-t-il une référence à l'actualité à glisser ? Laurence Hansen-Löve, professeure de philosophie et auteure de Oublier le Bien, nommer le Mal (à paraître en octobre aux éditions Belin), joue le jeu de la correction "à chaud" pour Europe 1.

Sujet 1 : "Nos convictions morales sont-elles fondées sur l'expérience ?"

  • Les notions à aborder et la problématique

"Il s'agit d'une fausse évidence. Nous croyons, en général, que nos convictions sont fondées sur notre propre expérience. Or, la philosophie, depuis Socrate, nous apprend que ce n'est pas le cas. Nos convictions sont le plus souvent formées bien avant le moment où nous sommes en mesure de les fonder, c’est-à-dire de les faire reposer sur notre expérience accompagnée d'une véritable réflexion. C'est ce que nous enseignent Socrate ou encore Descartes. En vérité, la plupart de nos convictions morales ne sont pas fondées du tout car elles nous sont inculquées bien avant l'âge de raison (selon la maxime qui définit la religion : 'ce que nos Pères ont cru, nous le croyons'). C'est ce que l'on appelle des préjugés. Les notions à aborder pour ce sujet sont : la morale, le bonheur, la justice et la culture", détaille notre professeur.

  • Les pièges à éviter

"Il s'agit de ne pas confondre 'fondées' et 'dérivées de'. Nos convictions peuvent être dérivées (de la culture, de notre éducation, de nos préjugés etc) mais ne sont pas forcément fondées. Deuxième piège à éviter : ne pas abonder dans le sens du sujet sans envisager d'alternative à l'expérience, telles que la foi, la culture, la croyance collective mais, aussi, la raison", met en garde Laurence Hansen-Löve.

  • Les auteurs à citer

"Socrate et Descartes, qui nous apprennent que nos convictions morales ne sont que préjugés. Kant, selon qui nos convictions sont fondées a priori (avant et au-delà de l'expérience, ndlr). Et Locke, selon qui les convictions procèdent, au contraire, de l'expérience".

  • Les références à l'actualité

"Nos convictions morales ne sont fondées ni sur l'expérience, ni sur la raison. Elles procèdent le plus souvent de présupposés collectifs. Elles ne sont alors pas, à proprement parler, 'fondées'. L'illustration la plus actuelle en est peut-être le fanatisme".

 

Sujet 2 : "Le désir est-il par nature illimité ?"

  • Les notions à aborder et la problématique

"Le désir est le propre de l'homme, il se distingue en cela du besoin. Selon de nombreux philosophes, notamment Rousseau, le désir est pour cette raison à la fois source de l'Histoire, du progrès mais aussi de toutes nos souffrances. Ces philosophes recommandent donc de limiter nos désirs. 'Mieux vaut changer nos désirs plutôt que l'ordre du monde', dit Descartes. Mais si le désir est par nature illimité, le projet de restreindre nos désirs n'est-il pas voué à l'échec ? L'idée de désir contrôlé n'est-elle pas absurde ? Pour y répondre, les notions à aborder sont le besoin, le bonheur, le désir, la conscience et l'inconscient", commente Laurence Hansen-Löve.

  • Les pièges à éviter

"Le piège serait d'oublier de prendre en considération l'expression 'par nature'. Il ne faut pas réduire le sujet à : 'le désir est-il illimité'", prévient la professeure.

  • Les auteurs à aborder

"Epicure, Epictète, Lucrèce, et Descartes qui en appellent à limiter nos désirs. Rousseau, qui, lui, déplore le caractère illimité du désir. Hegel, qui juge le désir indépassable. Et enfin Freud, sur le caractère illimité des désirs inconscients".

  • La référence à l'actualité

"De nombreux philosophes ou moralistes aujourd'hui nous mettent en garde contre les excès de la société de consommation et prônent la 'sobriété heureuse', en se référant notamment aux philosophes antiques tels que Epicure et Epictète".