Ayant fait un burn out, Florence songe à se réorienter : "Je pleurais au travail"

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Léa Beaudufe-Hamelin , modifié à
Subissant les abus de pouvoir de sa chef, Florence a fait un burn out il y a quatre ans. Étant en congé de longue maladie depuis, elle songe alors à se réorienter pour exercer un métier qui lui plaira. Au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1, Florence se confie sur sa souffrance au travail.
TÉMOIGNAGE

Florence était auxiliaire de vie dans un centre communal d’action sociale. Subissant les abus de pouvoir de sa chef qui l’a accusée de maltraitance passive envers une personne âgée, elle a fait un burn out il y a quatre ans. Depuis, elle est en congé de longue maladie. Au micro d’Olivier Delacroix, sur "La Libre antenne" d’Europe 1, Florence explique qu’elle a récemment été reconnue inapte à l’exercice de ses fonctions et songe alors se réorienter, que ce soit dans le public ou dans le privé.

"J’ai 53 ans. Il y a quatre ans, j'ai fait un burn out parce que je subissais beaucoup d'abus de pouvoir. J'étais auxiliaire de vie dans un CCAS (Centre communal d’action sociale). J'ai une collègue qui est passée chef. Elle me disait que j'étais un bisounours, une bonne à rien. Elle m’a accusée d’avoir fait de la maltraitance passive à une personne âgée et m’a dit qu’elle allait le faire remonter. Ses réflexions m’ont beaucoup blessée. Quelques temps après, je suis passée devant la direction. J’étais accompagnée par un syndicat qui ne m’a pas aidée. Il m'a dit qu’il fallait que j'accepte de changer de service.

J'ai changé de service. Je me suis retrouvée agent d'entretien des locaux. J'ai tenu six ans, en pleurant. Je pleurais tout le temps au travail. J'étais isolée et pestiférée. Je suis tombée malade. Je ne dormais plus. J'ai craqué. J'ai fait un burn out. Ça va faire quatre ans que je suis en congé de longue maladie. Je suis allée voir la DRH deux fois. Je voyais qu’elle ne voulait rien faire pour moi. J’ai dit au psychiatre que je ne retournerai pas dans le service, sinon je ferai une catastrophe.

" La mairie ferme les yeux "

J'ai été reconnue inapte récemment. Il existe pour les fonctionnaires la PPR, c'est la période de préparation au reclassement. C'est pour obtenir un nouveau poste. Vous faites un bilan de compétences et des stages pratiques. Je vais appeler pour demander à le faire et partir de chez eux. J’espère qu’ils vont accepter. Fonctionnaire, il faut le vivre. On dit qu'on est des fainéants, mais moi, j'ai été droite dans mes bottes. Il y a beaucoup de gens qui sont malhonnêtes et qui sont mieux vus que des gens qui sont droits dans leurs bottes. 

On était 30 dans le service du CCAS. J’ai appris que ma chef avait complètement flingué le service. Ils ont peur d’elle. Elle a commencé par moi, mais elle n’a pas fait ça qu'avec moi. Elle est protégée parce qu'elle a commencé comme moi et du jour au lendemain, elle est devenue chef. Il faut des diplômes qu’elle n’a pas passés. C’est injuste par rapport à ses autres collègues. La mairie ferme les yeux. Le maire est quelqu'un de très connu.

Je suis allée voir deux avocates. Il y en a une qui m’a dit que ce n’était pas la peine d’essayer, vu la mairie pour laquelle je travaillais. La deuxième voulait absolument essayer, mais je lui ai dit que je n’avais pas la force d'aller au tribunal administratif. J’ai beaucoup pleuré sur mon lieu de travail. Ils ont vu qu’il y avait une faiblesse et ils ont appuyé dessus. Maintenant, je prends un antidépresseur le matin. Si je tiens debout, c’est grâce à la thérapie que je fais. 

Maintenant que je suis une quinquagénaire, c'est plus difficile de retrouver du travail. On veut que l'on travaille de plus en plus, sauf que l'on ne veut plus des seniors. Je vais faire de mon mieux. Je vais faire la PPR et je vais me donner à fond pour retrouver un travail. Si je ne trouve pas en tant que fonctionnaire, je repartirai dans le privé, ça ne me dérange pas. J'ai envie de complètement changer de boulot et de faire quelque chose qui me plaît vraiment."