Attentats de janvier 2015 : les juges souhaitent clore leur enquête cet automne

Les attaques de janvier 2015 avaient été les premières d'une vague d'attentats islamistes qui a fait 246 morts en France.
Les attaques de janvier 2015 avaient été les premières d'une vague d'attentats islamistes qui a fait 246 morts en France. © AFP
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avec AFP
Près de quatre ans après les attentats de janvier 2015 à Paris, les juges ont annoncé mardi aux parties civiles qu'ils envisageaient de clore leur enquête avant la fin de l'année. 

Près de quatre ans après les attentats de janvier 2015 à Paris, les juges d'instruction ont annoncé mardi aux parties civiles qu'ils envisageaient de clore leur enquête avant la fin de l'année. Un suspect est désormais poursuivi pour "complicités" d'assassinats terroristes.

Les juges Nathalie Poux et Emmanuelle Robinson ont exposé mardi après-midi au tribunal de Paris, porte de Clichy, l'avancée de leurs investigations devant une partie des rescapés et des proches des victimes des attaques de Charlie Hebdo, Montrouge et de l'Hyper Cacher, les premières d'une vague d'attentats islamistes sans précédent qui a fait 246 morts en France. Une deuxième rencontre est prévue mercredi avec le reste des parties civiles. Au cours de cette réunion, les magistrates ont annoncé qu'elles avaient pour objectif de terminer leur enquête au mieux en octobre, sinon au plus tard en janvier 2019, ont rapporté plusieurs avocats présents. 

Un procès en 2020 dans le meilleur des cas. Dans le meilleur des cas, le procès pourrait se dérouler sur trois mois en 2020. "Ce sera forcément un procès frustrant, où il manquera les principaux protagonistes et les commanditaires", a estimé Jean Reinhart, avocat de la veuve d'une des victimes de Charlie Hebdo, qui s'est félicité de la "méticulosité de l'enquête". Le 7 janvier 2015, les frères Chérif et Saïd Kouachi, des islamistes radicaux, avaient tué 12 personnes dans l'attaque de Charlie Hebdo, avant d'être abattus deux jours plus tard lors de l'intervention des gendarmes du GIGN. Le lendemain, Amédy Coulibaly avait tué une policière municipale à Montrouge, dans les Hauts-de-Seine. Le 9 janvier, il avait tué quatre hommes, tous juifs, dans la prise d'otages de l'Hyper Cacher, dans l'Est parisien, avant de mourir dans un assaut policier, juste après les frères Kouachi.

L'enquête avait rapidement mené à la filière des Buttes-Chaumont. Dès les premiers jours d'enquête, des connexions avaient été établies entre les trois hommes, dont le passé ramène à la filière des Buttes-Chaumont, groupe radical islamiste du Nord-Est parisien démantelé en 2005, mais les enquêteurs peinent à établir comment ils se sont coordonnés. Ces derniers mois, les investigations ont progressé sur le rôle de possibles commanditaires et les conditions dans lesquelles les tueurs ont obtenu leurs armes. L'un des suspects déjà mis en cause dans l'enquête, Ali Riza Polat, est désormais le premier à être poursuivi pour "complicités d'assassinats terroristes" pour l'ensemble des attaques, selon des sources concordantes. "Il a eu un rôle transversal à tous les niveaux", a expliqué Antoine Casubolo-Ferro, avocat pour l'Association française des victimes du terrorisme (AFVT).

Deux frères au cœur de l'enquête. Les juges ont aussi évoqué la diffusion de mandats d'arrêt internationaux pour les frères Belhoucine, qui étaient partis quelques jours avant les attaques pour la zone irako-syrienne avec la compagne de Coulibaly, Hayat Boumeddiene, elle aussi visée par un mandat d'arrêt. L'un des frères, Mohamed, est notamment soupçonné d'avoir rédigé la formule d'allégeance au groupe État islamique, reprise par Coulibaly dans son testament vidéo.

Selon une source judiciaire, quinze protagonistes sont à ce jour mis en examen, dont treize sont en détention provisoire, soupçonnés à des degrés divers d'avoir apporté une aide logistique à Amédy Coulibaly. Tous nient avoir eu connaissance du projet terroriste.