Attentat du Drugstore en 1974 : Carlos à nouveau condamné à la prison à vie

La figure du terrorisme "anti-impérialiste" des années 1970-80 n'était pas là pour entendre la confirmation de la peine. (Illustration)
La figure du terrorisme "anti-impérialiste" des années 1970-80 n'était pas là pour entendre la confirmation de la peine. (Illustration) © BERTRAND GUAY / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Ilich Ramirez Sanchez a été condamné à nouveau jeudi à la prison à vie pour l'attentat meurtrier du Drugstore Publicis en 1974 à Paris. 

Ilich Ramirez Sanchez, dit Carlos, a été condamné jeudi en appel à la réclusion criminelle à perpétuité pour l'attentat meurtrier du Drugstore Publicis à Paris en 1974, à l'issue de son ultime procès devant la justice française. La figure du terrorisme "anti-impérialiste" des années 1970-80, qui a refusé de comparaître ce dernier jour, n'était pas là pour entendre la confirmation de la peine déjà infligée en mars 2017 pour avoir lancé une grenade dans la galerie marchande du grand magasin parisien, faisant deux morts et 37 blessés.

"Intime conviction", en l'absence d'aveux. Après moins de deux heures de délibération, la cour d'assises spéciale, composée de magistrats professionnels, en charge des crimes terroristes, a déclaré l'accusé "coupable". Près de 44 ans après les faits, en l'absence d'ADN ou d'aveux, l'avocat général Rémi Crosson du Cormier avait dit mercredi son "intime conviction" de la culpabilité de l'accusé. "L'ensemble des éléments de l'enquête permettent de dépasser le doute raisonnable" et désignent Carlos comme "l'auteur de l'attentat perpétré au Drugstore", pour le magistrat.

La défense du militant de la "résistance palestinienne" a dénoncé une "faillite de la justice", qui "na jamais suivi de piste alternative" à celle de la culpabilité de Carlos et condamné un homme en se fondant sur des preuves "fragiles" ou "manipulées". Me Francis Vuillemin avait appelé la cour à respecter "la loi du doute" qui doit profiter à l'accusé, "même s'il vous raconte des exécutions de sa main, même s'il est un tueur, même s'il a cet orgueil de décrire sa trajectoire d'une violence sans limite".

Vers un pourvoi en cassation ? La seule surprise aura été le renoncement de Carlos, qui se plaît tant à tisser lui-même sa légende, à ses "derniers mots", pour protester contre ses conditions de détention au palais de justice. Lui qui a usé, parfois cinq heures durant, de cette dernière parole donnée à l'accusé que nul n'a le droit d'interrompre, a choisi de ne pas revenir à la tribune pour son dernier procès. Au terme de deux semaines d'audience, resteront les images d'un vieil accusé, aujourd'hui âgé de 68 ans, parfois somnolant, friand d'anecdotes sur ses années de cavale, à qui "la violence s'est imposée" mais qui rechigne à reconnaître les crimes pour lesquels il est condamné. Ilich Ramirez Sanchez a cinq jours pour se pourvoir en cassation, un recours dont il usera "très probablement" ont déclaré ses avocats, après une "condamnation inacceptable".

L'attaque du Drugstore a eu lieu le 15 septembre 1974 à Paris, à 17h10 : une grenade lancée par un homme depuis le restaurant en mezzanine du Drugstore avait explosé dans la galerie marchande en contrebas. Pour l'accusation, cet attentat visait à faciliter la remise en liberté d'un Japonais arrêté à Orly, membre de l'Armée rouge japonaise. Ce mouvement était proche d'une branche du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) dont Carlos était devenu l'un des bras armés en Europe. La grenade jetée au Drugstore était, selon cette hypothèse, le moyen de pression choisi par Carlos pour accélérer la libération du révolutionnaire nippon. L'avocat général a rappelé que plusieurs témoignages étaient venus appuyer cette thèse, et a relevé la revendication de cette action par Carlos lui-même dans une interview parue fin 1979 dans le magazine El-Watan Al-Arabi