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Guillaume Perrodeau
Chez Christophe Hondelatte, Arthur Kermalvezen, 35 ans, revient sur son parcours pour découvrir qui était son père biologique.

Une question qui s'est transformée en quête effrénée. Arthur Kermalvezen, le fils d'Irène et d'Henri, est né grâce à un don de sperme. Pendant des années, il a cherché qui était son géniteur, jusqu'à trouver la réponse à sa question. Il évoque cette histoire dans un livre, Le fils, et chez Christophe Hondelatte mardi.

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Le "monsieur généreux"

Mariés en 1979, Inès et Henri n'arrivent pas à avoir d'enfant. Henri est stérile et les médecins lui expliquent qu'aucun traitement ne sera efficace. Mais le couple rêve d'être parents. Ils se tournent alors vers la banque du sperme qui, depuis 1973, recueille des dons gratuits et anonymes. Trois enfants vont naître de cette procréation médicalement assistée : Gaëlle, Joséphine et Arthur.

Inès et Henri ont décidé de ne rien cacher à leurs enfants. Dès le plus jeune âge, ils leur expliquent qu'un "monsieur généreux a donné une graine pour la famille". Mais Arthur, lui, veut aller plus loin que cette explication. Il veut savoir qui est ce "monsieur généreux". Dès l'adolescence, il est obsédé par l'idée de retrouver son géniteur. "Un père est celui qui est présent, qui s’occupe de vous, qui vous gronde, qui vous veut du bien", souligne Arthur, qui ne cherche pas un substitut à son père.

À 18 ans, Arthur Kermalvezen pousse la porte de l'hôpital Cochin à Paris, qui possède un centre de conservation de sperme. Il cherche une trace de ses parents dans le circuit. Évidemment, le refus de l’hôpital est catégorique. Alors en 2006, Arthur décide de rendre son histoire publique, à travers un article du Parisien. C'est ainsi qu'il entre dans une association qui se bat pour l'accès aux origines. Il en devient le porte-parole.

Le test ADN

Quelques temps plus tard, avec d'autres membres de l'association, Arthur Kermalvezen décide de réaliser un test génétique, en passant par un site Internet américain. La pratique est illégale en France si elle n'est pas motivée par des raisons médicales ou dans le but d’une recherche scientifique. Le site américain, en plus des résultats, propose d'afficher les personnes dont l'ADN est relativement similaire, pour mettre en lumière des liens de parenté. C'est ainsi que Arthur Kermalvezen découvre Laura S., qui partage plus de 6% de son patrimoine génétique.

Après d'intenses recherches, Arthur retrouve Laura S., qui vit à Londres. Il la contacte, explique son histoire… La jeune femme est touchée par la démarche du jeune homme et accepte de l'aider. Son père n'a pas donné de sperme, mais elle envoie son arbre généalogique à Arthur. Lorsqu'il consulte le document, il constate qu'un homme pourrait coller : Gérard, le frère du grand-père maternel de Laura, né en 1944. C'est une nouvelle série de recherches qui attend Arthur. Il finit par trouver LE Gérard qu'il cherche, un habitant de Seine-et-Marne. Il se rend sur place à plusieurs reprises, juste pour voir, jusqu'au jour où il décide de lui écrire une lettre, avec ses parents, dans laquelle il explique sa démarche.

"Bravo de m’avoir retrouvé"

Le 25 décembre 2017, Arthur Kermalvezen reçoit un coup de fil. "Bravo de m’avoir retrouvé", dit l'homme au bout du fil. C'est Gérard. Il confirme qu'il a donné son sperme étant plus jeune, et qu'il est le père d'Arthur. "Le donneur n’est pas le stéréotype, le clone social qu’on nous dépeint : quelqu’un de gentil qui n’a rien demandé et qu’il ne faut pas embêter", indique Arthur, qui explique que Gérard est, au contraire, demandeur d'informations et de rencontres.

Il faut maintenant trouver une place dans la famille pour ce géniteur sur qui l'on peut désormais poser une identité. "On réfléchit ensemble à cette place qu’il faut inventer. Dans ma tête, il y a toujours eu un père, une mère et un géniteur", confie Arthur. Après plusieurs échanges téléphoniques, les deux hommes finiront par se rencontrer. Arthur a enfin les réponses qu'il attendait depuis tout petit.