Après une rupture douloureuse, elle n'arrive pas à remonter la pente : "Je n'en peux plus"

Solitude Delacroix
Danièle éprouve une forme aïgue de solitude, dont elle n'arrive pas à sortir (Illustration). © Pixabay
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Contrainte de quitter son compagnon, Danièle a dû déménager, ce qui a occasionné chez elle une perte de repères et un grand vide rempli par l'alcool. Sans amis mais avec l'envie de "reparler à des gens", Danièle confie ses angoisses à Olivier Delacroix, dans "La Libre antenne" d’Europe 1.
TÉMOIGNAGE

Les angoisses, les doutes, la solitude… Danièle doit composer avec ces problèmes, qui sont apparus après une rupture très douloureuse il y a quelques mois avec son ex-compagnon. Habitant l'Ain depuis, au sein d'une colocation qui ne lui permet pas de se sociabiliser dans un endroit qu'elle ne connaît pas, cette mère de famille dit vivre au quotidien avec la "boule au ventre". Au micro d'Olivier Delacroix, sur La Libre antenne d’Europe 1, Danièle évoque la crise qu'elle essaye aujourd'hui de résoudre, face à l'alcool et la solitude.

"J'aurai bientôt 60 ans. Je vous avais appelé il y a quelques mois à la suite d'une séparation très douloureuse. Je me suis retrouvée dans un endroit sans connaître personne, sans famille. C'était très, très dur pour moi. J'habitais dans les Pyrénées-Atlantiques. Avec mon compagnon, depuis le début, il y avait un problème niveau au libido de son côté. Moi, je n'arrêtais pas de lui dire que ça ne pouvait pas marcher comme ça. À force de faire des tests, il s'est révélé qu'il avait un manque de testostérone, avec la thyroïde.

Malgré tout, on a continué comme ça alors qu'il me voyait me détruire dans l'alcool mais on continuait comme ça. Après, je crois qu'il cherchait une béquille pour ses problèmes d'argent. Enfin, je n'arrivais pas à comprendre parce qu'il pouvait être adorable mais il ne voulait jamais comprendre mon mal-être. Le pire dans l'histoire, c'est qu'au bout de sept ans, on dormait quasiment comme deux copains, il me dit, du jour au lendemain, 'voilà, j'ai une autre copine'. Ça a été très, très dur. J'étais dans des angoisses terribles. Après, il m'a posé une date pour partir.

"J'ai une angoisse qui ne part pas"

J'ai déménagé à 800 km d'où j'étais parce que j'avais rencontré un homme sur internet, mais en colocation. J'avait bien insisté sur une colocation. Lui cherchait une compagne mais moi je ne voulais pas. Il était d'accord. Le problème, c'est que je n'ai pas de famille derrière. Il n'y a qu'un fils que j'ai de temps en temps au téléphone, tous les 15 jours. Le premier ne me contacte plus à la suite des histoires avec mon ex.

Je me réveille tous les matins et j'ai une angoisse qui ne part pas. Ca fait un an et demi que je prends des antidépresseurs, mais j'ai toujours cette angoisse qui me tenaille. Je crois que c'est la peur du lendemain, la peur de ne pas y arriver, étant donné que je suis au RSA. Quand je cherche des appartements et que je vois les loyers, ça fait peur parce qu'il ne va pas rester grand chose pour vivre. Quand j'ai enlevé 250 euros d'allocation logement, il me reste 500 euros. Mon ex gagnait très bien sa vie et quand d'un seul coup il faut redescendre, ça met dans l'angoisse. On se dit, comment on peut vivre avec 500 euros par mois. Il faut payer l'électricité, les abonnements de téléphone, l'eau… C'est impossible, qu'est-ce qu'il nous reste pour manger ? Je sais bien qu'il y a les aides humanitaires, mais… 

Ce matin, je me suis réveillée avec la boule au ventre. Je me suis dit 'non, je ne prendrai pas d'alcool', mais c'est plus fort que moi. D'un seul coup, je suis mieux, je ne pense plus aux problèmes. Pourtant, j'en parle à mon médecin qui me suit pour les antidépresseurs. Mais si ça continue, je crois que je vais être obligée de voir quelqu'un parce que je vois que je suis de plus en plus dépendante à cause de l'angoisse. C'est une vie compliquée quand on ne voit plus personne. 

"Ce qui me ferait du bien, ce serait d'avoir des amis"

Par rapport à il y a quelques années, j'ai quand même ralenti. A cause de mon compagnon, pendant 12 ans, parfois, c'était fort. En revanche, je ne l'ai jamais caché quand j'allais voir les médecins. Maintenant, oui, c'est moins fort, mais aussitôt que je suis contrariée ou triste, j'ai tendance à en prendre. Et après, je me sens mieux avec l'alcool, malheureusement, alors que j'étais une personne qui aimait le sport. 

Je ne suis pas arrivée à me faire des amis. Avec le Covid-19, comme je ne me suis pas fait vacciner, je ne peux pas trop aller dans des endroits, donc c'est compliqué. Mon colocataire, c'est quelqu'un qui ne sort jamais. Tous les week-ends, il s'enferme, il regarde la télé, il ne voit personne. Je n'en peux plus, parfois, j'ai besoin de voir des gens. Là, je suis dans la Haute-Saône parce que j'ai dû remonter pour un enterrement. Je me suis retrouvée avec plein de gens. J'ai pu parler avec beaucoup de monde, que j'ai revu, que je connaissais. Là, plus du tout d'angoisse. Je crois que moi, j'ai besoin d'être en contact avec les gens. Ça fait bientôt deux ans que je vis vraiment dans la solitude. Je ne souhaite ça à personne, c'est une horreur.

Ce qui me ferait du bien, ce serait d'avoir des amis, de pouvoir dire ce qui ne va pas chez moi, d'être écoutée. De retrouver un compagnon, aussi, et je suis sûre que si je retrouvais quelqu'un de bien, je serais repartie sur les rails. C'est ça qui me manque, d'être avec quelqu'un, partager."