Les betteraviers sont inquiets du futur de la filière après l'annonce de l'interdiction de l'utilisation des néonicotinoïdes. (Illustration) 1:36
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Clotilde Dumay, édité par Yanis Darras
L'utilisation des néonicotinoïdes est désormais interdite en France, y compris pour les producteurs de betterave sucrière. Une interdiction qui inquiète les professionnels du secteur comme Alexandre Pelé, agriculteur et vice-président de la Confédération des betteraviers, qu'Europe 1 a rencontré.

C'est une victoire pour les écologistes. Suivant la décision de la justice européenne, la France a annoncé ce lundi qu'elle ne donnera plus de dérogation pour les insecticides qui protègent les semences de betterave sucrière des pucerons, les néonicotinoïdes. Des pesticides efficaces pour protéger les champs, mais qui ont un impact conséquent sur les abeilles, au point d'être surnommés "tueurs d'abeilles" par ces opposants. 

Mais cette interdiction, qui survient à quelques semaines des premiers semis, inquiète les betteraviers. Dans son champ, Alexandre Pelé, agriculteur et vice-président de la Confédération des betteraviers, se souvient encore de l'année 2020 où les néonicotinoïdes par enrobage de semences étaient interdits. 

Une annonce qui surprend

"Tous mes champs de betteraves étaient jaunes, ce qui a induit dans mon exploitation une perte de rendement de 60%", explique-t-il au micro d'Europe 1. Et il n'est pas le seul à être surpris par cette annonce, reconnaît-il. "J'ai eu beaucoup d'agriculteurs au téléphone qui me disent : 'Moi, si je n'ai pas une assurance, je ne sèmerai pas de betteraves'" cette année. 

Et les conséquences pourraient être catastrophiques pour l'économie : "On pourrait ne pas avoir de sucre, ni d'éthanol dans nos pompes", dans les mois à venir, prévient Alexandre Pelé. Ou pire, "on pourrait importer massivement des betteraves qui ne seront pas produites sur le territoire local", ajoute l'agriculteur. 

Des alternatives disponibles… prochainement

Pour autant, des alternatives aux néonicotinoïdes sont bien envisagées, comme "l'adoption de variétés dites tolérantes, des produits qu'on appelle des produits de biocontrôle, et puis des plantes que l'ont sèment en même temps que la betterave et qui va soit attirer le puceron, soit le repousser", explique le vice-président de la Confédération des betteraviers. 

Seul problème : aucune de ces solutions ne sera prête avant 2026 au moins. Alors, la filière prévient qu'en cas de mauvaises récoltes en 2023, une indemnisation sans franchise sera attendue par les agriculteurs.