Anti-IVG vs gouvernement : la bataille du référencement sur internet loin d'être terminée

Avortement IVG
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L'exécutif appelle à cliquer sur IVG.Gouv.fr, son site d'informations sur l'avortement, concurrencé par des sites anti-IVG.

Face aux très efficaces sites anti-IVG, qui se présentent comme des sites d'information, le gouvernement se mobilise derrière son propre site sur l'avortement, IVG.Gouv.fr. Sur Twitter, la ministre de la Santé Marisol Touraine a appelé jeudi à "donner un coup de pouce" pour que le "site officiel IVG redevienne numéro 1"! La secrétaire d'Etat aux Droits des femmes, Pascale Boistard, y est également allée de son tweet : "le site ivg.gouv.fr vous donne toutes les infos sur un droit essentiel. A partager !".  Et de partager par la même occasion le numéro officiel à appeler en cas de questions sur l'avortement : 0 800 08 11 11.

>> Sur les réseaux sociaux, d'ailleurs, l'appel du gouvernement a d'ailleurs eu un certain écho :

Le gouvernement prépare également une stratégie d'ampleur pour booster la visibilité de son site. Mais pourquoi un tel emballement ? Car IVG.Gouv.fr reste soumis à une concurrence coriace des sites anti-IVG, extrêmement bien référencés sur Google et très présents sur les réseaux sociaux.

Quand les "anti" passent devant sur Google. La plupart du temps, en tapant "IVG" sur Google, le site du gouvernement IVG.Gouv.fr arrive bien en première position. Mais ce n'est pas toujours le cas. Ces derniers jours, le site IVG.net lui avait en effet damé le pion, poussant le gouvernement à réagir. La tendance semble de nouveau s'être inversée vendredi, mais IVG.net arrive toujours en pole position sur certains supports (des iPad, notamment) et selon l'historique de recherche de l'internaute. Son site associé, avortement.net, arrive, lui, toujours systématiquement devant le site du gouvernement lorsque l'on tape "avortement" sur Google.

Or, une première position sur Google affiche une visibilité énorme pour un site internet. Et IVG.net, qui se présente comme un site d'information sur l'avortement (il propose même un numéro vert) est en réalité un site anti-IVG très partisans. S'il donne bien des informations sur l'avortement, il est également abondé de "témoignages" et arguments très orientés, incitant au contraire les internautes à ne pas avorter. D'autres sites militants "anti-IVG", tels que ecouteivg.org ou sosbebe.org sont également très bien référencés.

La bataille continue de faire rage. Pour s'assurer une bonne place sur Google, il faut prendre en compte de multiples paramètres. Certes, l'audience du site compte. Mais c'est loin d'être le critère le plus important. Achat d'espace, ergonomie du site, présence des bons mots clés au bon endroit, durée de temps passé par un internaute sur le site, nombre de fois où le lien d'un site est partagé sur les réseaux sociaux ou sur d'autres sites etc… Les critères à prendre en compte pour séduire Google sont innombrables. Et certaines voies du moteur de recherche restent impénétrables.

Pour y parvenir, les équipes d'IVG.net et avortement.net mettent des moyens considérables : achats d'espaces à Google, partages quotidiens de lien sur les réseaux sociaux, multiplication des liens vers leurs sites dans leurs contenus etc. En réaction à l'appel de Marisol Touraine et Pascal Boistard, les "antis" se sont d'ailleurs eux aussi mobilisés sur les réseaux sociaux.

Le gouvernement met la main au portefeuille. Face à une telle machine, le gouvernement ne s'est pas contenté d'appeler au clic vers son propre site. Preuve de l'importance du sujet, un groupe de travail a été constitué pour identifier les problèmes. Le "codage" du site et la place des "mots clés" sont actuellement revus. Et le site du secrétariat aux Droits des femmes va opérer d'ici peu à une vaste mise à jour. Le but : multiplier et rendre plus efficace les renvois vers le site IVG.gouv.fr.

Enfin, l'exécutif a également mis la main au portefeuille fin 2015, ce qu'il n'avait jamais jugé nécessaire de faire depuis la création de son site en 2013. Selon nos informations, entre le 28 septembre et le 17 décembre, le gouvernement a procédé à une campagne d'achat d'espaces à Google. Et il devrait réitérer l'opération dans les prochaines semaines.

Et ailleurs que Google ? Le ministère ne s'intéresse pas uniquement à Google, mais à tous les moteurs de recherche : Yahoo, DuckDuckGo, Qwant… Pour l'heure, la guerre est largement gagnée par l'exécutif sur ces moteurs de recherches. Il reste, toutefois, un terrain où les "antis" semblent avoir emporté une bataille : Facebook. Dans le moteur de recherche du réseau social préféré des Français, en tapant "IVG" ou "avortement" (pour la première fois), la page d'IVG.net arrive en tête, suivie de plusieurs autres pages "d'antis".