Anna est en couple avec son oncle par alliance : "Je culpabilise beaucoup"

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Léa Beaudufe-Hamelin , modifié à
Anna culpabilise d’être en couple avec son oncle par alliance, le mari de sa défunte tante. Pourtant, elle explique, au micro de "La Libre antenne" d’Europe 1, que leur relation n’a pas bouleversé l’ordre familial, puisque sa famille a toujours été désunie et qu’ils n’ont aucun lien de sang.
TÉMOIGNAGE

En mars 2020, la tante d’Anna est décédée. Cette dernière s’est alors rapprochée de son oncle par alliance pour le soutenir. Aujourd’hui, ils sont en couple et vivent ensemble depuis peu. Bien qu’elle n’ait aucun lien de sang avec lui et qu’elle soit éloignée du reste de sa famille, qu’elle décrit comme destructrice et désunie, Anna ne peut s’empêcher de culpabiliser. Au micro de Sabine Marin, sur "La Libre antenne" d’Europe 1, Anna confie être particulièrement touchée par le jugement de sa mère qui n’accepte pas leur relation. 

"Je suis issue d'une famille totalement désunie. Je n'ai aucun contact avec mes tantes, oncles, cousins et cousines. Moi, je ne suis absolument pas comme ça. Ça me peine parce que j'ai essayé de faire des soirées et ils n’ont jamais répondu présent. La fratrie de ma mère a eu des parents très difficiles et n’arrive pas à vivre dans la sérénité. Il y a beaucoup de mesquinerie, de méchanceté et d'hypocrisie. Nous, la génération des enfants nés dans les années 1980, avons été séparés de nos cousins et n’avons pas pu lier de contacts. C’est une famille sans famille. 

Une de mes tantes, la sœur de ma maman, a eu une maladie dégénérative. Elle a vécu 20 ans avec cette maladie. C’était une très belle femme qui faisait très attention à elle. Elle n'a pas supporté d’être dépendante, de son mari notamment. Ma tante a décidé de se faire euthanasier pour se libérer, parce qu'elle souffrait beaucoup, et pour libérer ses proches, son mari surtout. Elle lui a fait promettre avant de partir d'être heureux coûte que coûte.

" C'étaient de purs sentiments que l’on ne pouvait pas réfréner "

C’était en mars 2020. Tout le temps du confinement, j'ai beaucoup discuté avec mon oncle via Facebook. Cela arrivait déjà avant. J'avais la sensation de devoir l’aider. Je me doutais qu’il partait à la dérive. De fil en aiguille, on a parlé de cette relation oncle-nièce qu'on a jamais eue. Nous avions échangé des regards, même si nous savions pertinemment que jamais rien ne serait possible. C'était très furtif. Après le confinement, j'ai passé quelques jours avec lui. On avait besoin d’en discuter. 

Au fil du temps, on a commencé à beaucoup se rapprocher et à se rendre compte que c'était plus que de l'attirance. C'étaient de purs sentiments que l’on ne pouvait pas réfréner. Aujourd'hui, nous avons de forts sentiments. On est en couple. On vit ensemble depuis un mois. Il n'est plus légalement mon oncle aujourd'hui. Je n'ai aucun lien de sang avec lui et surtout, légalement, le lien se dissout s’il y a décès.

" Si j’écoute mon cœur, il n’y a pas de culpabilité, mais pas si j’écoute ma raison "

Je culpabilise beaucoup. Ça me fait faire des cauchemars. Ma tante était extrêmement ouverte. Elle a fait promettre à son mari avant de fermer les yeux d'être heureux quel que soit le bonheur qu’il allait choisir. Malgré tout, je me demande ce qu’elle en penserait si elle était là. Je pense beaucoup à elle, j'ai toujours eu beaucoup d'admiration pour elle. Si j’écoute mon cœur, il n’y a pas de culpabilité, mais pas si j’écoute ma raison.

Avec ma mère, on a toujours connu de très fortes tensions. Je n'aurai jamais un ‘Je t'aime’ de sa part et ne verrai jamais de fierté dans ses yeux, mais elle reste ma mère. Je suis revenue vers elle au moment du décès de ma tante. Je n’ai pas supporté de la voir si dévastée et c'était aussi une demande de ma tante. Elle prend très mal cette relation. Je comprends tout à fait sa position. Ce que je ne comprends pas, c’est le jugement. Heureusement que j’ai beaucoup d'amis qui comprennent et qui ne jugent pas. Il y a aussi notre différence d'âge. J'ai 41 ans et lui 64.

On a beaucoup de beaux projets. Il a ses moments de tristesse, que je comprends d'autant plus que c'était ma tante. Je partage ses moments difficiles. Cela serait plus compliqué pour une autre femme de voir son homme pleurer sa défunte femme. Moi, je pleure avec lui. Ils ont eu deux enfants. Il y en a un qui est plus ouvert. Il dit que ce n'est pas la situation qu’il imaginait, mais il veut que son père avance dans la vie, qu’il revive et qu’il soit heureux. Je pense qu’il avait très peur de ce qui allait arriver après le départ de ma tante.

Nous étions déjà coupés de la famille. Je ne parle plus à ces personnes et je ne m’en porte pas plus mal. Il n’y a pas de famille. Mon compagnon me dit souvent que l’on ne fait de mal à personne. On est dans notre bulle. On la construit au fur et à mesure pour la rendre la plus solide possible. C’est une famille destructrice. Donc, on n'a rien déstructuré du tout. Au contraire. Finalement, dans une famille qui n'existait pas, on s'est reliés lui et moi."