Amoureux dans leur jeunesse, ils se sont retrouvés : "L’amour est le même qu’à 20 ans"

  • Copié
Léa Beaudufe-Hamelin

Quarante-trois ans après leur flirt adolescent, Odile et Pierre se sont retrouvés. Les deux amoureux s’étaient perdus de vue et s’étaient mariés chacun de leur côté. Après leurs retrouvailles, ils sont retombés amoureux et ont décidé de se marier, à 60 ans passés. Ils racontent à Olivier Delacroix leur amour renaissant.

Odile et Pierre se sont rencontrés quand ils étaient au lycée. Les deux adolescents amoureux se sont perdus de vue et ont vécu leur vie, Odile à Paris et Pierre dans le Lot-et-Garonne. Chacun de leur côté, ils se sont mariés et ont eu des enfants. C’est 43 ans plus tard qu’ils se sont retrouvés et sont retombés amoureux. Pierre a alors quitté sa femme pour Odile. Aujourd’hui mariés, ils racontent leur histoire d’amour en deux temps à Olivier Delacroix et livrent leur vision de l’amour passé 60 ans. 

Pierre se souvient de sa première rencontre avec Odile quand ils étaient au lycée : "Je me rappelle très bien. C'était pour le 14 juillet. Je l'avais invitée au bal à l’école. C'était notre premier bal. Elle ne s’en rappelait pas, mais on avait dansé sur ‘Les neiges du Kilimandjaro’, de Pascal Danel. C'était un slow super." Odile, elle, aussi s’en souvient : "Pour moi, c'était le premier garçon, donc j’en garde un souvenir. Je pense que n'importe quelle fille se rappelle du premier garçon qu'elle a embrassé. Sa mère m'avait appris qu'il avait déjà une fiancée. J’ai cru que j’étais simplement la petite amie parisienne."

Les deux amoureux se sont perdus de vue et se sont mariés, chacun de leur côté. Après leur divorce respectif, Pierre s’est remarié et Odile est restée célibataire. Ils se sont recroisés par hasard sur un réseau social permettant de retrouver d'anciens camarades de classe : "Je me suis branché sur ce site et j'ai vu un nom qui m'a interpellé, surtout le prénom Odile", explique Pierre. "Quand il m'a envoyé le premier message, ça m'a fait quelque chose. J'ai eu l'impression d'avoir une bouffée d'adolescence qui me revenait dans la figure. Ça fait bizarre", confie Odile.

" Je tenais trop à Odile, donc je me suis séparé "

Odile et Pierre ont décidé de se revoir, alors que Pierre était en déplacement à Paris. Il raconte leurs retrouvailles : "Je ne voulais pas la quitter. J'avais réservé un hôtel et j'ai insisté lourdement pour qu’elle reste avec moi. Elle n’a pas voulu. On a discuté." Odile poursuit : "À chaque fois que je descendais les marches du métro, il me rattrapait, me demandant quand on allait se revoir. Il ne voulait pas me lâcher. Je lui ai dit : ‘Si tu veux continuer la soirée, tu n’as plus qu’à me suivre chez moi’."

Après leurs retrouvailles, Odile émettait des réserves : "Pour moi, c'était une aventure sans lendemain. Ça valait mieux parce qu'il était marié et habitait à 600 km. Je ne me voyais pas vivre ce type d'histoire." Pour Pierre, en revanche, c’était le coup de foudre même s’il était marié : "J'ai annoncé à ma femme que je voulais divorcer. Le matin, ça réveille. La nuit, je réfléchissais et je calculais. Puis, j'ai pris la décision. Je tenais trop à Odile, donc je me suis séparé."

" J'ai tout laissé pour quelqu'un que j'avais vu trois fois "

Odile avoue avoir été surprise par cette séparation précipitée : "Il m’a dit au téléphone : ‘J'ai quitté ma femme et je lui ai donné quinze jours pour quitter la maison. Je n'ai pas trop le temps de discuter’. Il a raccroché. J'ai téléphoné à mon frère. Je ne savais pas quoi faire. J’ai commencé à tourner dans mon appartement. Maintenant, c’était à moi de me lancer. J'ai pris ma décision. Je me suis dit que de toute façon il était libre maintenant. Je pouvais me permettre de croire à quelque chose."

Odile a alors quitté Paris pour retrouver Pierre : "J'ai tout laissé, mes enfants, mes petits-enfants, ma maison, mes amis, toute ma vie parisienne pour quelqu'un que j'avais vu trois fois. J’ai aussi laissé vingt années de célibat. C'est peut-être ce qui a été le plus dur. Lui a toujours vécu en couple. Il a un côté rigoureux, avec des horaires. Moi, je suis bohème. On s'est adaptés. Lui, à midi, il mettait la table. Moi, les trois quarts du temps, je n'étais pas prête. L’amour, c'est le même qu’à 20 ans. Je pense qu’on voit plus les choses dans la qualité. On s'applique."

 

 

Vous voulez écouter les épisodes de "Dans les yeux d'Olivier"

>> Retrouvez-les sur notre site Europe1.fr et sur Apple PodcastsSpotifyGoogle podcastsDeezerAmazon Music ou vos plateformes habituelles d’écoute.

>> Retrouvez ici le mode d'emploi pour écouter tous les podcasts d'Europe 1

 

Si leurs enfants et petits-enfants ont bien vécu cette situation, Pierre explique que sa mère l’a mal acceptée : "Je suis fils unique. Mon père est décédé il y a 11 ans. Ma mère se retrouve toute seule maintenant. Avant que je connaisse Odile, j'étais souvent avec elle. Tandis que maintenant, je suis un peu moins à sa disposition. Il faut penser que je suis avec Odile. J'ai une nouvelle femme, une nouvelle vie, une nouvelle maison. Je suis moins disponible."

Il fallait aussi que Pierre soit apprécié par les amies d’Odile, Isabelle et Monique. La première raconte leur rencontre : "Il est venu à la maison et je lui ai posé des questions sans être impolie. Je lui ai demandé s'il avait des enfants, quel métier il exerçait, quel était son hobby… Des choses somme toute banales, sans être indiscrète. Résultat positif, examen de passage réussi !" Pour Odile, l’avis de ses amies comptait beaucoup : "On est une bande d’amies où l'amitié est quelque chose de profond. On ne peut pas nous diviser. Donc, il fallait que Pierre s'intègre."

" La retraite, c'est le démarrage d'une nouvelle vie "

Les amies ne partagent pas la même vision des relations amoureuses passé la soixantaine. Pour Monique, l’amour d’Odile et Pierre est le même que celui d’un jeune couple : "Pour moi, l’intensité des sentiments est la même. Ce sont nos jeunes mariés. On ne s'occupe pas de l'âge." Isabelle n’est pas de cet avis : "Pour moi, c'est différent. Ce n'est pas le même but. Le but quand on se rencontre à 20 ans, c'est de fonder une famille. Ici, je pense que c’est vaincre la solitude dans la sérénité en étant à deux."

S’étant mariée avec Pierre après 60 ans, Odile envisage la retraite comme un nouveau départ : "Quand mon père est parti en retraite, il père disait : ‘Je commence à avoir un pied dans la tombe’. C'est terrible de se dire ça à la retraite. Nous, je pense qu’on est dans une génération où c'est l'inverse. La retraite, c'est le démarrage d'une nouvelle vie avec tout ce qu'on n'a pas pu faire quand on était actifs."