Agressions sexuelles à CentraleSupélec : "On ne s'attendait pas à autant"

centrale supelec 3:53
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Jeudi, l'école d'ingénieurs CentraleSupélec a transmis à la justice une enquête interne révélant un nombre considérable de violences sexuelles commises lors de l'année scolaire 2020-2021. Ibtissam Hamich, la présidente de l'association qui a mené l'étude à la demande de la direction, a exprimé sa surprise et sa colère au micro d'Europe 1.
INTERVIEW

La direction de l'école d'ingénieur CentraleSupélec a transmis jeudi une enquête menée auprès des étudiants qui montre l'ampleur des violences sexuelles. L'enquête révèle qu'un grand nombre d'élèves ont été victimes d'agressions sexuelles, de harcèlement sexuel ou de viol lors de l'année scolaire 2020-2021. Une enquête à d'ailleurs été ouverte par la procureure de la République d'Evry. Ibtissam Hamich est élève à CentraleSupélec et la présidente de l'association féministe "Çapèse" qui a mené cette étude auprès des étudiants de l'école. Elle était l'invitée d'Europe 1 ce vendredi midi.

28 étudiants affirment avoir été victimes de viol

L'association a commencé par rédiger un questionnaire qui a pris le soin de définir l'agression sexuelle, le harcèlement sexuel et le viol. "On a suivi les conseils que Caroline de Haas expose dans son livre En finir avec les violences sexistes et sexuelles", explique Ibtissam Hamich. Le questionnaire était divisé en trois parties : une pour les témoins, une pour les victimes d'agressions, de harcèlement et de viol et une pour les personnes qui ont été informées d'agressions. "On essaie d'en savoir plus pour identifier les mécanismes récurrents", détaille la jeune femme.

Les résultats de l'enquête sont édifiants : sur les 659 étudiants interrogés, 28 affirment avoir été victimes de viol, 71 d'agression sexuelle et 74 de harcèlement sexuel.

Colère et tristesse

Ibtissam Hamich s'attendait à ce qu'un certain nombre de ses camarades expliquent avoir été victimes d'agissements sexistes. "Ça se passe partout. Il n'y avait aucune raison que cela s'arrête aux murs de CentraleSupélec. Je savais que les résultats seraient mauvais", explique-t-elle.

Mais les résultats de l'étude ont quand même surpris la jeune femme. "On ne s'attendait pas à autant. Moi qui ai été très impliquée dans l'association féministe, j'avais des retours de camarades, mais on ne cherchait pas à qualifier les faits. Certaines personnes nous faisaient part d'un mal-être", explique la jeune femme qui évoque l'existence d'un "sexisme ambiant" en interne. "Il est difficile de prédire des chiffres. Il y a de la surprise, mais surtout de la colère et de la tristesse."