Affaire Le Tan : le meurtrier présumé réclame une contre-expertise

sophie le tan
Le suspect dénonce un "échafaudage de suppositions" (photo d'illustration). © AFP
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Arthur Helmbacher avec AFP , modifié à
A l'occasion d'un interrogatoire devant la juge d'instruction, le principal suspect du meurtre de la jeune femme, Jean-Marc Reiser, qui dénonce un "échafaudage de suppositions", a demandé une contre-expertise sur un ADN retrouvé dans sa cave, ce qui lui a été refusé, selon son avocat. 

Jean-Marc Reiser, mis en examen pour le meurtre de l'étudiante strasbourgeoise Sophie Le Tan en 2018, va demander une contre-expertise sur une pièce du dossier l'incriminant, a-t-on appris samedi auprès de l'un de ses avocats qui a appelé la veille son client à faire "évoluer" sa ligne de défense.

"Des contradictions sur lesquelles il ne s'explique pas"

La juge d'instruction, qui a interrogé pour la cinquième fois vendredi Jean-Marc Reiser, lui a présenté un complément d'autopsie faisant un lien possible entre la scie retrouvée dans sa cave, sur laquelle l'ADN de Sophie a été identifié, avec les traces de section constatées sur le squelette de l'étudiante, a indiqué Me Pierre Giuriato. Jean-Marc Reiser, qui continue de clamer son innocence et dénonce un "échafaudage de suppositions", a demandé à la juge une contre-expertise sur cet élément, ce qui lui a été refusé, a précisé l'avocat.

Jean-Marc Reiser "va saisir la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Colmar" pour obtenir cette contre-expertise afin de déterminer si un lien formel peut être fait, ou pas, entre les traces de section et cette scie, a indiqué Me Giuriato. A l'issue de cette audition, Me Giuriato avait souhaité que Jean-Marc Reiser "évolue" dans sa ligne de défense. 

"Il y a en ce moment beaucoup d'éléments à charge [contre lui], on attend un certain effort de sa part pour qu'il réévalue ses explications, qu'il les précise pour que cela soit plus cohérent avec les charges qui pèsent contre lui. Il y a des contradictions sur lesquelles il ne s'explique pas et c'est dans son intérêt de s'expliquer", a déclaré l'avocat au micro d'Europe 1, laissant entendre que lui et Me Francis Metzger, avec qui il assure la défense du quinquagénaire, pourraient jeter l'éponge s'il ne changeait pas de position.

"C'est possible que nous n'allions pas aux assises avec lui"

"C'est possible (de ne pas continuer avec lui) si les explications de Monsieur Reiser devaient ne pas évoluer, c'est possible que nous n'allions pas aux assises avec lui" dans l'hypothèse d'un procès, a encore indiqué le conseil. Jean-Marc Reiser avait déjà sollicité en vain la justice pour réclamer l'annulation de plusieurs éléments de preuves potentiellement accablants pour lui. Il a également fait plusieurs demandes de remise en liberté, toutes rejetées.

Jean-Marc Reiser, 59 ans, a été arrêté en septembre 2018, quelques jours après la disparition de l'étudiante de 20 ans qui avait répondu à une annonce immobilière qu'il avait mise en ligne. Il a été mis en examen pour assassinat, enlèvement et séquestration. Plus d'un an après sa disparition, le squelette incomplet de Sophie Le Tan a été découvert fin octobre 2019 dans une forêt vosgienne, à Rosheim (Bas-Rhin), où le suspect se rendait régulièrement.