Edouard Balladur a été relaxé jeudi, François Léotard a écopé de deux ans de prison avec sursis. 1:54
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Europe 1 avec AFP , modifié à
Plus de 25 ans après les faits, l'ancien Premier ministre Edouard Balladur a été relaxé par la Cour de Justice de la République dans le cadre d'un volet de la tentaculaire affaire Karachi. Il était jugé aux côtés de son ancien ministre de la Défense, François Léotard, qui a écopé de deux ans de prison avec sursis.

L'ancien Premier ministre Edouard Balladur a été relaxé jeudi par la Cour de justice de la République, qui le jugeait pour des soupçons de financement occulte de sa campagne présidentielle malheureuse de 1995, l'un des volets de l'affaire Karachi. Son ancien ministre de la Défense François Léotard a quant à lui été condamné à deux ans d'emprisonnement avec sursis et 100.000 euros d'amende pour "complicité" d'abus de biens sociaux. Tous deux étaient absents au délibéré devant la CJR, une juridiction controversée et la seule habilitée à juger d'anciens membres du gouvernement pour des infractions commises pendant leurs mandats.

La justice "reconnaît enfin mon innocence"

La justice "reconnaît enfin mon innocence", a réagi Edouard Balladur dans un communiqué, se disant "satisfait" après "un quart de siècle de calomnies intéressées et organisées". "Vingt-cinq après (...), Edouard Balladur est enfin innocenté", a abondé à la sortie de l'audience l'un de ses avocats, Félix de Belloy, saluant "une décision extrêmement motivée". 

L'ex-Premier ministre était accusé d'avoir mis en place, avec François Léotard, un système de rétrocommissions illégales sur d'importants contrats d'armement avec l'Arabie saoudite et le Pakistan, destinées à financer en partie sa campagne électorale. Dans son arrêt, la CJR a estimé que n'était "pas rapportée la preuve de l'existence d'instructions données en connaissance de cause par Edouard Balladur" sur le versement de ces rétrocommissions.

La Cour a suivi en tous points les réquisitions à l'encontre de François Léotard

De même, la Cour, composée de trois magistrats professionnels et douze parlementaires, a considéré qu'aucun élément du dossier ne permettait d'établir d'où provenaient les 10,25 millions de francs ayant abondé le compte de campagne d'Edouard Balladur, trois jours après sa défaite à la présidentielle, et "d'origine frauduleuse" selon l'accusation. Le ministère public avait requis le 2 février un an de prison avec sursis et 50.000 euros d'amende à l'encontre d'Edouard Balladur, aujourd'hui âgé de 91 ans, pour "complicité" et "recel" d'abus de biens sociaux.

La Cour a suivi en revanche en tous points les réquisitions à l'encontre de François Léotard, 78 ans. Il a été reconnu coupable de "complicité" d'abus de biens sociaux. L'ancien ministre de la Défense a "joué un rôle central et moteur" dans l'imposition à deux entités détenues par l'Etat - qui négociaient la vente de sous-marins et de frégates à l'Arabie saoudite et au Pakistan - d'un réseau d'intermédiaires "inutiles" aux commissions "pharaoniques", les contrats d'armement étant alors quasiment finalisés.

François Léotard a déclaré dans un communiqué avoir "honte pour la justice française" et annoncé qu'il se pourvoirait en cassation. Les soupçons de financement occulte de la campagne Balladur n'avaient émergé qu'en 2010, au cours de l'enquête sur l'attentat commis en 2002 à Karachi, au Pakistan, dans lequel onze employés français de la Direction des constructions navales (DCN) avaient trouvé la mort.