Les forces de l'ordre ont procédé à de premières destructions de bidonvilles insalubres ce jeudi. 1:55
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Wilfried Devillers (envoyé spécial à Mayotte), édité par Romain Rouillard (Crédits photo : PATRICK MEINHARDT / AFP)
Si les autorités françaises se heurtent toujours à plusieurs points de blocage pour mener à bien l'opération Wuambushu à Mayotte, les premiers démantèlements de bidonvilles insalubres ont tout de même pu commencer. Europe 1 a pu assister à l'une de ces opérations dites de "décasage".

L'opération Wuambushu, destinée à lutter contre l'immigration illégale à Mayotte n'a décidément rien d'un long fleuve tranquille. Si les Comores, dont sont originaires la plupart des migrants clandestins, ont finalement accepté d'ouvrir ses ports, c'est désormais la compagnie maritime qui assure la liaison entre les deux îles qui suspend ses rotations jusqu'à nouvel ordre. Un bâton supplémentaire dans les roues des forces de l'ordre qui ont tout de même pu entamer les opérations de "décasage". Autrement dit, le démantèlement de petits bidonvilles jugés insalubres. 

Sur le terrain d'un futur lycée, Europe 1 a pu assister à la destruction de dix logements ce jeudi matin. D'aucuns jugent toutefois ce chiffre famélique par rapport aux ambitions poursuivies par l'opération Wuambushu. "Depuis deux ans, on a démoli 2.000 habitats insalubres dans l'île. Mais pour arriver à 2.000, il faut aussi des opérations qui en font dix. Et ce qui est important, ce n'est pas "dix" mais plutôt ce que cela débloque. Ça règle d'abord la situation des familles qui vivaient là et ensuite ça débloque le chantier du lycée", répond Thierry Suquet, préfet de Mayotte.

Une habitante dénonce l'absence de relogement 

Sur le bord de la route, Aïssa regarde les engins détruire sa maison. Une liasse de documents à la main, elle rejette les propos du préfet. "On avait montré les documents dès le mois de décembre. Ils ont dit qu'ils allaient trouver une solution pour que l'on trouve une parcelle. La semaine d'après, ils sont venus vers nous pour nous dire qu'ils n'avaient rien trouve", dénonce cette femme, privée de relogement, selon elle, alors que des programmes sont normalement prévus par la préfecture.

De son côté, Naduf voit dans ces destructions un moyen de détourner l'attention. "C'est pour masquer leur échec !", persiffle-t-il. En parallèle, les opérations suivent leur cours, maintient le préfet. Trois autres démantèlements devraient débuter prochainement tandis que Thierry Suquet compte toujours faire appel après la mise à l'arrêt des premières destructions en début de semaine.