Wiel : 15 à 20 ans de réclusion requis

Les 4 accusés d'avoir passé à tabac, torturé et tenté de tuer Bruno Wiel (photo) parce qu'il était homosexuel risquent entre 15 et 20 ans de réclusion criminelle.
Les 4 accusés d'avoir passé à tabac, torturé et tenté de tuer Bruno Wiel (photo) parce qu'il était homosexuel risquent entre 15 et 20 ans de réclusion criminelle. © CITEGAY.fr
  • Copié
avec Marie Peyraube et agences , modifié à
L'avocate de Bruno Wiel juge ces réquisitions contre les 4 agresseurs "satisfaisantes".

Les réquisitions sont tombées au procès Wiel. L'avocat général a requis jeudi entre 15 et 20 années de réclusion criminelle à l'encontre des quatre hommes jugés aux assises du Val-de-Marne pour avoir passé à tabac, torturé et tenté de tuer Bruno Wiel. "L'horreur a ceci de particulier qu'elle n'a pas de limites", a tonné Benoist Hurel au cours d'un réquisitoire d'une heure quarante dans lequel il a décortiqué "un cas d'école des actes de barbarie" et de la violence homophobe.

"L'homophobie, la seule lecture du dossier"

Dans sa plaidoirie, l'avocat général a assuré que "ces violences devaient conduire tout droit à la mort" en raison du "nombre" des agresseurs mais aussi de la "localisation" des coups. Pour Benoist Hurel, Bruno Wiel est un "miraculé". De plus, a relevé le magistrat, "ces tortionnaires de banlieue pouvaient encore appeler les secours, mais ils ne l'ont pas fait", soulignant que la victime n'avait été retrouvée dans le parc, nue et agonisante, que parce qu'un exhibitionniste y était recherché.

L'homophobie constitue la "seule et unique lecture du dossier", a affirmé l'avocat général et irrigue, selon lui, toutes les déclarations des accusés pendant l'instruction. Pour justifier ses propos, Benoist Hurel a rappelé que trois des tortionnaires présumés de Bruno Wiel avaient agressé au cours de ce même été deux autres personnes dont l'homosexualité était "réelle ou supposée" en suivant un même mode opératoire.

Laissé pour mort en 2006

Accosté à Paris et conduit dans un parc de Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, dans la nuit du 19 au 20 juillet 2006, Bruno Wiel, âgé à l'époque de 28 ans, a été sodomisé à l'aide d'un bâton et laissé pour mort dans un sous-bois par les accusés. La raison ? Son homosexualité. "On n'est pas des pédés !", aurait crié l'un d'eux au moment de frapper Bruno Wiel. Bruno Wiel a ensuite passé 15 jours dans un coma puis sept mois à l'hôpital. A son réveil, la victime n’avait aucun souvenir de ce qui lui était arrivé. Il a appris, plusieurs mois plus tard, ce qui s'était passé de la bouche de ses proches.

"Il faut que ça s'arrête"

Me Maltet, l'avocate de Bruno Wiel a estimé que ces réquisitions étaient satisfaisantes. "C'est essentiel que les gens prennent conscience que quand on en tape dans des têtes, on tue", a-t-elle martelé à l'issue de la plaidoirie au micro d'Europe 1. "Je veux que que par ces sanctions, ces peines, on réveille une humanité que je n'ai pas vue chez ces gens durant le procès". L'avocate a mis en cause la "force de la cité "dans le silence, longtemps gardé par les accusés, sur leurs motivations homophobes. "Il faut que le message passe : l'homophobie peut exister partout, et il faut que ça s'arrête", a-t-elle martelé.

Les quatre accusés risquent la réclusion à perpétuité, d’autant que, depuis 2004, le caractère homophobe d’une agression est une circonstance aggravante, au même titre que le racisme ou l'antisémitisme. Le verdict est attendu vendredi.