Vrai procès pour faux tableaux

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avec Aude Leroy , modifié à
Douze membres présumés d’un réseau de trafic de faux tableaux sont jugés depuis lundi à Créteil.

Le scénario était bien rodé : des héritiers désargentés cherchaient à vendre rapidement des toiles de maîtres à de riches acheteurs. Picasso, Chagall, Modigliani, Fernand Léger : au total, une centaine de tableaux contrefaits aurait ainsi été écoulée par un réseau dont les douze membres présumés sont jugés depuis lundi matin au tribunal correctionnel de Créteil.

"Ce Léger, je le connais très bien"

A l’audience, certains experts peinaient encore à distinguer l’œuvre du faussaire présumé, Guy Ribes, qui a utilisé du papier d’époque et de la gouache faite maison puis imité la signature du maître pour faire plus vrai que vrai. A la barre, il a reconnu avoir peint à la demande, en quelques heures parfois, se souvenant de la toile, du client et du prix. "Ce Fernand Léger, je le connais très bien, je l'ai fait plusieurs fois !", a-t-il notamment lancé.

Mais ce faussaire a certifié qu’il n'était pas au fait de l'ensemble du réseau. "Je me doutais qu'il y avait des procédés frauduleux (...) Mais je ne roulais pas sur l'or et j'avais besoin d'argent", a fait valoir ce sexagénaire qui aurait empoché 2.000 euros par mois au maximum.

Un artiste ou un escroc ?

"C'est un faussaire mais c'est aussi un artiste", a défendu son avocat Me Antonin Lévy. "C'est quelqu'un de sympathique (...) mais il m'a totalement dépouillé !", a répliqué un client malheureux, qui avait acheté pour 6.000 euros une fausse aquarelle de Chagall.

Parmi les douze autres personnes jugées, âgées de 32 à 76 ans, figure un marchand de tableaux parisien qui aurait servi d’intermédiaire entre le faussaire et les clients. Montant estimé de l’escroquerie : plusieurs millions d’euros.