Près d'une centaine d'opposants à un projet d'éoliennes et à peu près autant de partisans se sont fait face samedi dans un épais brouillard au col du Bonhomme, dans les Vosges, alors que l'Europe s'inquiète du risque qu'il présente pour la conservation des coqs de bruyère, a constaté l'AFP.
D'un côté de la route, les opposants au projet dénonçaient le risque que les éoliennes font selon eux peser sur la population de coqs de bruyère, ou grands tétras, un oiseau emblématique des forêts de montagne, classé espèce "vulnérable". L'une de leurs pancartes proclamait "Du coq empalé, nouvelle spécialité alsacienne". "Si la France autorise ce projet elle se met en infraction avec les directives européennes", alors que l'UE finance un plan de conservation du tétras dans les Vosges, s'est emporté Jean-Pierre Burget, président de Sauvegarde Faune Sauvage.
"Mensonge", a rétorqué en face le maire de Kaysersberg, l'écologiste Henri Stoll, qui leur oppose une étude scientifique qui conclut que le projet n'aura pas d'impact négatif sur les volatiles. La Commission européenne a récemment demandé à la France des "clarifications" sur ce projet controversé d'implantation d'éoliennes, s'inquiétant notamment de sa proximité avec des zones de protection des tétras. Mais le maire du Bonhomme, Roger Bleu, favorable au projet, se dit "confiant. Nous allons fournir à Bruxelles les nouvelles expertises", a-t-il promis.
Selon le décompte des gendarmes, les opposants étaient environ 80, tandis que les partisans étaient une soixantaine, dont une vingtaine d'élus. Le préfet du Haut-Rhin a donné son feu vert au défrichage du terrain vosgien le 12 juin, en vue de la construction de cinq éoliennes d'une puissance totale de 11,5 MW. Les permis de construire ne sont cependant pas encore délivrés et le préfet a promis, à cette occasion, d'être "particulièrement attentif à l'insertion du projet dans le site, au respect de l'environnement et à la préservation des espèces protégées". Or le col du Bonhomme est situé à proximité de zones protégées du réseau "Natura 2000", et le projet se situe "au coeur d'une aire de présence stratégique" du gallinacé, avait récemment remarqué la Commission européenne en demandant des "clarifications".